Retirée de la présidentielle algérienne, Louisa Hanoune évoque « des menaces et du chantage »
Le 13 juillet, la secrétaire générale du Parti des travailleurs annonçait qu’elle renonçait à concourir à la présidentielle du 7 septembre. Aujourd’hui, elle précise qu’elle en a été exclue de manière « préméditée et exécutée par des procédés infâmes ».
Désormais ex-prétendante à la magistrature suprême, Louisa Hanoune s’est retirée officiellement de la course, le 13 juillet dernier. Elle a échoué à récolter les 50 000 signatures individuelles d’électeurs inscrits sur une liste électorale, nécessaires au dépôt d’un dossier. Mais ce qu’elle n’avait pas encore précisé, c’était pour quelles raisons et dans quelles conditions elle n’était pas parvenue à obtenir les parrainages nécessaires. Une semaine plus tard, le 20 juillet, elle est donc revenue sur la situation.
« Une caporalisation effrayante des assemblées élues »
Pour la candidate trotskiste, si ses équipes n’ont pas pu récolter les signatures nécessaires dans les délais imposés par la loi, c’est à cause de « l’échec total du dispositif numérisé d’intranet appliqué de façon chaotique dans les assemblées populaires communales (APC), aggravé par l’absence de moyens humains et matériels, combiné avec des défaillances répétitives épouvantables de la plate-forme numérique de l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie) au niveau du fichier électoral ».
Faute de parrainages citoyens, le parti s’est ensuite tourné vers la collecte de 600 signatures des élus de différentes assemblées et répartis à travers 29 wilayas. L’autre choix donné aux différents candidats pour remplir les conditions d’éligibilité. Elle a sollicité en priorité les élus indépendants, considérant que ceux qui sont issus des partis de l’alliance présidentielle réserveraient leurs signatures au président-candidat. Et ne sollicitant ni le Front des forces socialistes (FFS) ni le Mouvement pour la société de la paix (MSP), qui ont leur propre postulant au scrutin présidentiel.
Une démarche qui a d’abord semblé porter ses fruits. Selon Louisa Hanoune, 850 élus indépendants répartis sur 51 wilayas ont donné leur accord pour lui accorder leurs parrainages « avant qu’un ordre leur soit donné » de faire marche arrière. « Ce qui en soi traduit une caporalisation effrayante des assemblées élues par l’administration à différents niveaux », dénonce le Parti des travailleurs (PT). « La majorité de ceux qui avaient pris l’engagement de parrainer notre candidature se sont rétractés en s’excusant, avec gêne, sans pour autant donner de raisons, alors qu’il a été établi que des élus de partis qui soutiennent la candidature du président de la République et des indépendants ont été autorisés, voire encouragés, à donner leurs parrainages à d’autres candidats, en difficulté », poursuit le parti trotskiste.
Encore deux femmes dans la course
La patronne du parti des travailleurs, qui avait été déjà candidate aux scrutins présidentiels de 2004, 2009 et 2014, conclut qu’un véritable blocus a été dressé autour de sa candidature, sans en expliquer les raisons. L’interdiction de la parrainer est-elle venue des formations politiques elles-mêmes ? Des autorités ? Prudente, Louisa Hanoune ne souhaite pas accuser l’État ou ses institutions de lui avoir barré la route, et n’en dit donc pas plus.
Lors de l’annonce de son retrait, elle a tout de même évoqué « des conditions injustes », un « cadre législatif antidémocratique » et a affirmé « refuser de faire partie d’une opération électorale, qui ne consacre pas la liberté totale de candidature sans exclusion ». Son parti ne participera d’ailleurs pas au processus de vote du prochain scrutin présidentiel. La militante de gauche faisait partie du trio de femmes ayant postulé face à l’actuel chef de l’État, qui brigue un second mandat. Ne reste donc plus en course qu’un duo de candidates : la magistrate et présidente de l’Union pour le progrès et le changement, Zoubida Assoul et Saida Neghza, présidente de la Confédération générale des entreprises. Du moins si l’Anie valide leurs dossiers. L’instance électorale doit rendre sa décision avant la fin de cette semaine.
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