Yaël Braun-Pivet saura-t-elle reconnaître Nadège Abomangoli ?

La députée d’origine congolaise Nadège Abomangoli, est devenue, ce 19 juillet, la première Noire vice-présidente de l’Assemblée nationale française. L’an dernier, la présidente de ladite chambre l’avait confondue avec Rachel Keke, une élue d’origine ivoirienne. Faut-il y voir quelques relents de racisme ?

© Damien Glez

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Publié le 22 juillet 2024 Lecture : 2 minutes.

Dans une vie politique française marquée par l’inexorable progression électorale du Rassemblement national (RN) – premier des onze groupes parlementaires à l’Assemblée nationale en nombre de sièges, avec 126 députés sur 577 –, les pourfendeurs du racisme ont quelques motifs de réjouissance.

Native de Brazzaville, Nadège Abomangoli vient en effet d’être élue troisième vice-présidente de la chambre basse. Une promotion qui vaut à cette députée de La France insoumise (LFI) d’être la première Noire à accéder à un tel niveau de responsabilité au sein du Palais Bourbon.

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S’ils saluent cette victoire de l’intégration, les vigies de l’antiracisme n’en ont pas moins oublié des épisodes de triste mémoire, comme le « Qu’il retourne en Afrique ! », que le député du RN Grégoire de Fournas avait lancé, en novembre 2022, à un autre député insoumis, Carlos Martens Bilongo, né de parents d’origine congolaise et angolaise.

Ils rappellent, aussi, une anecdote qui concerne la nouvelle vice-présidente. « Peut-être que Yaël Braun-Pivet ne la confondra plus avec Rachel Keke », a twitté, le 20 juillet dernier, le journaliste franco-allemand Nils Wilcke.

« Madame Keke, vous avez la parole »

Le 17 février 2023, alors que Nadège Abomangoli s’apprêtait à défendre un amendement, Yaël Braun-Pivet, la présidente (macroniste) de l’Assemblée nationale, lui avait dit : « Allez-y, Madame Keke, vous avez la parole. » Assise à quelques mètres à peine de celle qui se trouvait devant le micro, Rachel Keke avait deux points communs avec sa collègue : être une députée LFI et être Noire (elle est née en Côte d’Ivoire).

Est-il naturel d’avoir du mal à distinguer les personnes d’une autre couleur de peau que la sienne ? Nadège Abomangoli avait immédiatement riposté : « Tous les Noirs ne se ressemblent pas ! » Après la séance, elle avait dénoncé, sur les réseaux sociaux, un « racisme latent » et un « mépris ordinaire ».

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La « fatigue » de Yaël Braun-Pivet

Réagissant aux excuses que Yaël Braun-Pivet avait immédiatement présentées en invoquant la fatigue due à treize heures de présidence d’affilée, la députée insoumise avait fait référence à la réforme des retraites : « Ce sont les mêmes qui veulent faire trimer deux ans de plus les gens qui s’usent au travail, eux ! »

La députée insoumise franco-gabonaise Danièle Obono avait renchéri, en faisant observer que la présidente de l’Assemblée nationale ne s’était jamais trompée sur personne et qu’elle avait confondu « deux députées qui n’[avaient] en commun que leur couleur de peau ». Faut-il y déceler une intention malveillante ? Les spécialistes le diront, mais l’anecdote, croustillante, est exhumée aujourd’hui alors que Yaël Braun-Pivet vient d’être réélue au perchoir et ce, en dépit de la défaite électorale cuisante du camp macroniste, auquel elle appartient.

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Le plus troublant est que plusieurs médias en ligne ont fait exactement la même bourde lors de l’élection de Nadège Abomangoli au poste de vice-présidente, et alors que Rachel Keke n’est plus députée. Sans l’excuse de la fatigue…

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