Ould Abdel Aziz assuré de sa victoire
Les Mauritaniens votaient samedi en grand nombre et dans le calme pour élire leur président parmi neuf candidats, dont le meneur du coup d’Etat du 6 août 2008, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a affirmé être « sûr » d’être élu dès « le premier tour ».
Mais le colonel Ely Ould Mohamed Vall, lui-même ancien chef d’une junte (2005-2007) et candidat à la présidentielle, a dénoncé de son côté de "vastes opérations de fraude". Il s’agit de la seule personnalité à avoir pour l’instant évoqué des irrégularités graves lors du scrutin.
Plus de 1,2 million d’électeurs sont appelés aux urnes dans ce pays en grande partie désertique et vaste comme deux fois la France. Les bureaux ont ouvert à 07H00 (locale et GMT) et doivent fermer à 19H00.
Quelque 320 observateurs internationaux, notamment de l’Union africaine (UA), de la Francophonie et de la Ligue arabe, sont déployés.
Ce scrutin crucial et relativement ouvert doit mettre un terme à la grave crise consécutive au renversement du premier président démocratiquement élu du pays, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, qui ne se représente pas.
Deuxième tour
De longues files d’attente, avec les hommes d’un côté et les femmes de l’autre, se sont rapidement formées devant les bureaux de vote de la capitale, ce qui pourrait augurer d’une participation élevée.
Le meneur du coup d’Etat du 6 août 2008, le général Ould Abdel Aziz, considéré comme un des grands favoris, s’est pour sa part montré très confiant.
"Je suis sûr, nous passerons au premier tour. Ce sera la victoire de toute la Mauritanie, du peuple mauritanien", a-t-il déclaré à la presse, peu après avoir voté, près du palais présidentiel.
Le général Ould Abdel Aziz et son principal concurrent, Ahmed Ould Daddah, chef du plus important parti d’opposition, ont répété à plusieurs reprises pendant la campagne leur conviction d’être élu dès le premier tour.
Mais de nombreux observateurs estiment qu’au vu du nombre de candidats (neuf), un deuxième tour, prévu le 1er août, est probable.
"La pression de l’argent"
De son côté, le colonel Vall, et cousin du général Aziz, a dénoncé de "vastes opérations de fraude, aussi bien à l’intérieur (du pays) qu’à Nouakchott".
"Il y a eu achats de conscience (vote), de cartes d’électeurs et d’autres documents de vote. Des villages entiers ont été ciblés par la ‘pression de l’argent’ pour les amener à voter pour tel ou tel candidat. Ceci est très grave", a-t-il ajouté, après avoir voté à Nouakchott.
L’opposant Ould Daddah n’a pas évoqué de fraudes en cours mais est revenu sur les déclarations de l’ex-chef de la junte.
"Si quelqu’un pourrait prétendre être élu au 1er tour, ce serait bien moi, mais je me refuse de le dire. Je laisse le dernier mot au peuple, j’attends les résultats avec confiance", a-t-il déclaré, après avoir voté.
"Aziz sait bien qu’il ne sera pas élu, peut-être fera-t-il un nouveau coup d’Etat?", a-t-il encore demandé.
Violences
Comme de nombreux habitants, le président de l’Assemblée nationale et candidat du Front national pour la défense de la démocratie (FNDD, anti-putsch) Messaoud Ould Boulkheir a souhaité que le pays tourne la page des coups d’Etat pour s’engager dans une "une nouvelle voie de démocratie".
Aucun incident n’a été signalé mais vendredi soir un échange de tirs a eu lieu à Nouakchott entre des policiers et deux combattants islamistes. "Fort probablement, il pourrait s’agir des mêmes personnes ayant tué l’Américain", selon une source policière.
L’assassinat le 23 juin dans ce même quartier de Ksar du ressortissant américain Christopher Leggett, 48 ans, avait été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
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