Taylor trouve normal d’avoir exposé « des crânes, symboles de mort »
L’ancien chef d’Etat libérien a déclaré à son procès qu’il ne voyait « rien de mal » à avoir laissé ses troupes disposer les crânes des ennemis tués aux postes de contrôle. C’était « ce qui adviendrait à celui qui agirait mal », s’est-il justifié.
![](/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,height=810,fit=cover/medias/default.png)
L’ex-président du Liberia Charles Taylor a déclaré jeudi à son procès à La Haye n’avoir "rien vu de mal" au fait que ses troupes montraient des crânes humains à des postes de contrôle durant sa "révolution" au Liberia en 1989-90.
"Les crânes étaient un symbole de mort. Des soldats ennemis avaient été tués et leurs crânes utilisés. Je le savais et cela ne me dérangeait pas", a raconté Charles Taylor, qui témoigne depuis mardi dans son procès pour crimes de guerre et contre l’humanité devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL).
"Je les ai vus (aux postes de contrôle). J’ai enquêté (. . . ) et je suis arrivé à la conclusion qu’il n’y avait rien de mal", a-t-il poursuivi. "Nous ne sommes pas en train de parler de crânes éparpillés partout", a-t-il ajouté, mais seulement "à certains carrefours stratégiques".
Les crânes signifiaient que "la mort avait frappé l’ennemi", selon l’accusé, qui a nié avoir donné l’ordre d’exposer les crânes aux points de contrôle. C’était "ce qui adviendrait à celui qui agirait mal", a aussi expliqué Charles Taylor.
Il a tenté d’établir une distinction entre les crânes et des têtes humaines, qualifiant de "mensonge flagrant et diabolique le fait que moi, Charles Ghankay Taylor, ou qui que ce soit d’autre aurait pu passer à côté d’une tête humaine".
"Je n’ai vu que des crânes et je n’aurais permis à quiconque de tuer et d’exposer une tête humaine", a-t-il ajouté.
Charles Taylor est jugé depuis janvier 2008 pour avoir dirigé en sous-main les rebelles sierra-léonais du Front révolutionnaire uni (RUF) qui ont ravagé la Sierra Leone de 1991 à 2001 afin de se procureur les ressources, notamment des diamants, de ce pays voisin du Liberia.
Lancée en 1989, la "révolution" de Charles Taylor, qui devait selon lui renverser Samuel Doe au Liberia, a déclenché une guerre civile de 14 ans qui a causé la mort de 250.000 personnes.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Bénin-Niger : dans les coulisses de la médiation de la dernière chance
- Au Togo, le business des « démarcheurs », ces arnaqueurs qui monnaient la justice
- Qui entoure Mele Kyari, président de la NNPC, l’État dans l’État au Nigeria ?
- Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo, sur les terres de Simone à Bonoua
- Alafé Wakili : « Aucun pays n’est à l’abri d’un coup d’État »