Polémique sur le taux de participation à la présidentielle
Le taux de participation à la présidentielle de dimanche au Congo fait débat. Alors que le pouvoir parle d’un taux « au-dessus » de la moyenne, l’opposition évoque une « abstention record de plus de 90% »… Et ce ne sont pas les observateurs, eux-mêmes divisés, qui vont les départager.
Les autorités du Congo centralisaient lundi les résultats du scrutin présidentiel de la veille, dont la participation faisait débat entre le gouvernement et l’opposition alors que des observateurs ont ajouté à la polémique avec des conclusions discordantes.
Le vote s’est déroulé dans le calme et le dépouillement, qui avait commencé dimanche dès la fermeture des bureaux, était "fini" lundi matin, selon le ministre de l’Administration du territoire, Raymond Mboulou, dont les services co-organisent le scrutin avec la Commission d’organisation nationale des élections (Conel).
"On est à l’étape de la centralisation des résultats. (. . . ) Il n’y a pas de date précise (arrêtée) pour leur publication", avait déclaré M. Mboulou à l’AFP dans la matinée.
Dans l’après-midi, il a assuré devant la presse: "Le taux de participation sera au-dessus de la moyenne. (. . . ) Avant la fin de la semaine, nous auront les résultats définitifs".
"Des localités ont voté à 100%"
Selon des résultats parcellaires, la participation a atteint entre 40 et 92% dans certains quartiers de Brazzaville et arrondissements de l’intérieur du pays, tandis que "des localités (. . . ) ont voté à 100%", a-t-il indiqué.
D’après ces chiffres, le candidat Denis Sassou Nguesso, président sortant, a obtenu 84% des voix dans l’arrondissement de Lumumba (Pointe noire, sud), devançant largement l’opposant radical Mathias Dzon (3%), qui apparaissait avant le vote comme son principal adversaire parmi les douze autres candidats.
Ces données tendent à confirmer le sentiment général, accordant l’avantage à Sassou Nguesso, 66 ans dont près de 25 cumulés à la tête du pays.
Si aucun candidat n’obtient plus de 50% des suffrages exprimés, un second tour sera organisé.
Le scrutin est contesté par Mathias Dzon, 62 ans, et cinq candidats alliés qui, après avoir appelé in extremis au boycottage de la présidentielle, ne se sont pas rendus aux urnes et ont fait état de fraudes dès dimanche soir.
"Abstention record de plus de 90%"
"Le peuple congolais s’est massivement exprimé par une abstention record de plus de 90%", ont soutenu les six candidats dans un texte commun.
Ils ont aussi affirmé que "des militaires attachés au président sortant" avaient "voté plusieurs fois dans différents bureaux de vote" et que des autorités locales avaient distribué de l’argent "pour inciter la population à voter", ce qui avait aussitôt été jugé "inexact et incohérent" par le porte-parole du gouvernement, Alain Akouala Atipault.
"Le taux d’abstention de 90% avancé par l’opposition est farfelu", a redit lundi à l’AFP M. Atipault, également ministre de la Communication, assurant que la participation avait été plus importante à l’intérieur du pays, sans fournir d’estimations.
Dimanche, le président de la commission électorale, Henri Bouka, avait fait état d’un "vote massif à l’intérieur".
Conclusions divergentes des observateurs
Lundi, les missions d’observation déployées sur le terrain ont rapporté des conclusions divergentes, ajoutant à la polémique.
Selon les 47 observateurs déployés par l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH), une ONG, "le taux de participation a été très faible" et le scrutin émaillé de "fraudes et irrégularités".
Au regard de tous ces éléments, "cette élection (. . . ) n’a été ni juste, ni transparente, ni équitable", ont-ils estimé.
Les 29 observateurs de l’Union africaine, et les douze de la Communauté des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC, 10 pays) ont exprimé le sentiment inverse. Pour eux, le vote s’est déroulé "dans la sérénité, la dignité et la transparence", et le scrutin a été "régulier, libre et transparent".
Officiellement, 2,2 millions de Congolais -sur 3,6 millions d’habitants- étaient appelés à voter dimanche, chiffre contesté par l’opposition qui a régulièrement dénoncé un fichier électoral "gonflé".
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