Reprise du procès de Charles Taylor à La Haye

L’ancien président du Liberia Charles Taylor, premier chef d’Etat africain jugé par un tribunal international, doit être appelé dès mardi à la barre comme témoin de la défense à son procès pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, qui reprend lundi à La Haye.

Publié le 13 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

Charles Taylor, 61 ans, devrait témoigner pendant six à huit semaines devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), a indiqué son avocat Courtenay Griffiths.

Premier témoin de la défense, l’ex-président plaide non coupable de onze crimes, notamment meurtre, viol et enrôlement d’enfants soldats. Il est jugé depuis janvier 2008 pour son rôle dans la guerre civile en Sierra Leone qui a fait 120. 000 morts entre 1991 et 2001.

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Il "reconnaît avoir été impliqué en Sierra Leone seulement dans la mesure où il essayait de négocier la paix, pas parce qu’il s’est rendu complice d’une guerre civile", a expliqué Me Griffiths, qui compte faire témoigner des marchands de diamants en faveur de son client.

Réputation de seigneur de guerre impitoyable

Selon l’accusation, Taylor dirigeait en sous-main les rebelles sierra-léonais du Front révolutionnaire uni (RUF), à qui il fournissait armes et munitions en échange d’un accès aux ressources, notamment en diamants et bois précieux, de ce pays voisin du Liberia.

Les amputations du RUF ont fait des milliers de victimes. Le dernier témoin de l’accusation a raconté avoir imploré des rebelles du RUF, qui l’avaient déjà amputé d’une main, de couper sa deuxième main pour épargner celle de son fils de quatre ans.

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M. Taylor devrait dans son témoignage revenir sur le début de sa carrière politique au Liberia. Il racontera également, selon sa défense, la "révolution" qu’il a lancée en 1989 depuis la Côte-d’Ivoire pour "libérer" le Liberia et mettre en déroute le régime de Samuel Doe, ce qui lui a valu une réputation de seigneur de guerre impitoyable en Afrique de l’Ouest.

Jugement attendu mi-2010

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"Charles Taylor a violé de manière exceptionnelle les droits de l’homme", a souligné le procureur du TSSL Stephen Rapp. Ses explications, très attendues par les populations locales selon lui, permettront "de faire pour la première fois la lumière sur plusieurs épisodes" des guerres en Sierra Leone et au Liberia.

Son procès, délocalisé de Freetown à La Haye pour éviter tout risque de déstabilisation de la région, avait débuté en janvier 2008. Le procureur, qui a appelé 91 témoins à la barre, avait conclu son argumentation le 27 février. Le jugement est attendu mi-2010.

"L’indigence" de Charles Taylor

Me Griffiths s’est plaint à de nombreuses reprises de manquer de temps et de ressources pour préparer la défense de M. Taylor, qui mobilise vingt personnes dont six avocats. Le TSSL, qui a reconnu "l’indigence" de M. Taylor, paie chaque mois leurs salaires, soit 130. 000 dollars, selon l’accusation.

Charles Taylor, élu président du Liberia en 1997, avait été chassé de ce pays en 2003. Peu après son arrestation au Nigeria où il s’était exilé en mars 2006, il avait été transféré de Sierra Leone vers les Pays-Bas, où il est détenu depuis lors.

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