Les rebelles du Mend revendiquent une attaque à Lagos

"Des combattants du Mend (Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger), lourdement armés, ont mené aujourd’hui dimanche 12 juillet 2009, à environ 22H30 (21H30 GMT) une attaque sans précédent contre l’embarcadère d’Atlas Cove, dans l’Etat de Lagos", indique le mouvement dans un communiqué.

"Le dépôt et des pétroliers amarrés au complexe sont actuellement en feu", ajoute le Mend dans ce texte transmis par courrier électronique.

Une forte explosion a été entendue à travers la ville d’environ 16 millions d’habitants, notamment par des correspondants de l’AFP.

L’embarcadère d’Atlas Cove est le premier point de contact des navires entrant dans les eaux territoriales nigérianes en provenance du Bénin voisin, à l’ouest du Nigeria.

Attaque non confirmée

Aucun responsable n’a pu être joint pour confirmer les assertions du Mend.

Cette attaque intervient alors que les autorités nigérianes règlent les derniers détails en vue d’une remise en liberté du chef du Mend, Henry Okah, dans le cadre d’une offre d’amnistie faite par le président Umaru Yar’Adua.

Dimanche, les avocats de M. Okah et des hauts responsables gouvernementaux avaient convenu de la tenue lundi d’une audience judiciaire extraordinaire.

"L’affaire sera traitée demain (lundi). Il est plus que probable que le procureur général publiera une déclaration sur l’abandon des poursuites" pour trahison contre Henry Okah, avait déclaré dimanche à l’AFP un de ses avocats, Femi Falana, affirmant que son client avait accepté l’offre d’amnistie présidentielle.

Multiplication des attaques et sabotages

La libération d’Okah, accusé de haute trahison, est une des principales revendications du Mend, qui a lancé en 2006 une auto-déclarée "guerre du pétrole" dans les marais et les criques pétrolifères du delta du Niger afin, affirme-t-il, d’obtenir une meilleure répartition des revenus pétroliers pour les habitants de cet Etat du sud du Nigeria.

Le 25 juin, le président nigérian avait étendu son offre d’amnistie à tous les militants armés du delta du Niger si "ils déposent les armes et renoncent à la violence", une offre qui reste en vigueur jusqu’au 4 octobre.

Le Mend a rejeté cette proposition et a multiplié ces dernières semaines attaques et sabotages contre des installations de multinationales pétrolières, notamment Shell et Chevron.

Depuis l’apparition du Mend en 2006, la production de brut du Nigeria a chuté de près d’un tiers et plafonne actuellement à 1,8 million de barils/jour contre 2,6 mbj trois ans plus tôt.

"Dialogue et intensification des attaques"

Dans son communiqué de dimanche, au ton combatif et bourré de références bibliques, le groupe affirme mener une "démarche sur deux fronts, combinant dialogue et intensification des attaques durant le cours des négociations".

"Nous voulons assurer à notre peuple et nos sympathisans que nous ne vendrons pas nos droits héréditaires pour un bol de porridge", poursuit le texte.

"Les problèmes que rencontre notre cher pays le Nigeria n’ont rien à voir avec les ‘combattants de la liberté’ mais sont liés aux dirigeants politiques corrompus", assure le groupe rebelle.

"La mère de toutes les plaies sera utilisée en dernier ressort"

"La mère de toutes les plaies sera utilisée en dernier ressort, si les ‘pharaons’ nigérians préfèrent l’obstination à la raison", avertit le Mend, sans plus de précisions.

La compagnie pétrolière nationale NNPC a fait une description noire des conséquences de la violence dans le delta du Niger, estimant que ses revenus mensuels en 2009 ont chuté à environ un milliard de dollars, contre 2,2 en moyenne en 2008.

Le pétrole représente plus de 90% des revenus à l’export du Nigeria, pays le plus peuplé du continent africain.