Référendum : le ministre des Affaires étrangères condamne la sanction de l’UE
La décision de la Commission européenne de suspendre une aide budgétaire au Niger pour protester contre les décisions du président Mamadou Tandja est « injuste et prématurée », a déclaré dimanche à l’AFP la ministre des Affaires étrangères.
"Je la regrette profondément", a ajouté Aïchatou Mindaoudou, qui se référait aux tentatives du chef d’Etat de rester trois ans de plus au pouvoir après deux quinquennats successifs, la limite fixée par la constitution.
La décision de l’Union européenne constitue la première mesure de rétorsion contre le régime du président Tandja.
"Le président n’est pas un président illégitime, il exerce un mandat légal et démocratique que lui a confié par le peuple à l’issue d’élections libres et démocratiques", a commenté Mme Mindaoudou, jointe par téléphone.
Le 9 juillet, le Commissaire au Développement de la Commission européenne, Louis Michel, a adressé une lettre assez dure au président nigérien, dans laquelle il annonce la suspension des décaissements de l’UE au titre de l’aide budgétaire.
Entre 8 et 10 millions d’euros bloqués
M. Michel reconnaissait toutefois les "acquis économiques, sociaux et politiques" obtenus durant les dix ans de pouvoir de Mamadou Tandja.
Selon des sources proches du dossier, cette aide communautaire se situe entre 8 et 10 millions d’euros.
"Le régime n’est pas illégitime et antidémocratique. J’espère que nos partenaires le comprendront. Nous avons reconstruit la crédibilité internationale du Niger au prix d’énormes sacrifices et de beaucoup de travail comme tout le monde le reconnaît", a ajouté la ministre.
"Je trouve cette réaction de l’Union européenne dommage car elle prive les populations nigériennes d’appuis essentiels pour l’amélioration de leurs conditions de vie. Peut-on traiter notre président comme quelqu’un qui est arrivé au pouvoir par un coup d’Etat ou par des moyens illégitimes?", interroge Mme Mindaoudou.
Samedi, les services du Développement de la commission européenne ont confirmé à l’AFP la suspension du versement d’une aide budgétaire, précisant toutefois qu’"il ne s’agit pas d’une suspension de l’aide".
"Aujourd’hui tout risque d’être remis en question"
Fin juin, Louis Michel, qui doit bientôt quitter ses fonctions, avait condamné la dissolution de la Cour Constitutionnelle par le président Tandja après le rejet de son projet de référendum pour amender la Constitution et lui permettre un troisième mandat présidentiel.
"Je suis très inquiet quant à l’évolution de la situation politique au Niger. Aujourd’hui tout risque d’être remis en question", avait déclaré le commissaire au Développement.
"Le référendum va être organisé dans les conditions optimales de transparence. Nous verrons les résultats qui en seront issus. Nos partenaires devront prendre cela en compte", a assuré Mme Mindaoudou.
M. Michel avait évoqué dans une missive l’hypothèse ultime d’une "suspension complète du programme de coopération".
"Nous ferons tout ce qui est possible pour ne pas en arriver là", a assuré Mme Mindaoudou.
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