Présidentielle algérienne : seulement deux candidats face au grand favori Abdelmadjid Tebboune
L’Autorité nationale indépendante des élections a annoncé le 25 juillet le nom des trois candidatures validées pour la présidentielle du 7 septembre : Abdelmadjid Tebboune, Abdelaali Hassani Cherif et Youcef Aouchiche. Le verdict du Conseil constitutionnel est désormais la dernière étape attendue.
Ils seront donc trois candidats pour la course à l’élection présidentielle en Algérie du 7 septembre prochain. Trois hommes. Exit les deux femmes. Le 25 juillet, l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie) a rendu son verdict concernant les dossiers de candidatures déposés par les cinq prétendants à la magistrature suprême. Après examen des dossiers, l’Autorité a validé ceux présentés par Abdelmadjid Tebboune, Abdelaali Hassani Cherif et Youcef Aouchich. Les candidatures de Zoubida Assoul et Saïda Neghza ont été écartées.
Pour se porter candidat, les prétendants devaient présenter une liste comportant au moins 600 signatures individuelles de membres élus de différentes assemblées et réparties à travers 29 wilayas (préfectures), ou bien une liste comportant au moins 50 000 signatures individuelles d’électeurs inscrits sur une liste électorale, avec un minimum de 1 200 signatures par préfecture.
Évidemment, le grand favori de ce scrutin reste le président sortant Abdelmadjid Tebboune. À bientôt 79 ans, le chef de l’État est assuré d’être réélu pour un second mandat tant il bénéficie de quasiment de tous les soutiens, de l’armée aux médias, en passant par la famille révolutionnaire, les confréries religieuses et le patronat public et privé. À plusieurs reprises au cours de ses récentes sorties publiques devant la presse locale, Abdelmadjid Tebboune a d’ailleurs mis en avant certaines décisions qu’il prendrait en 2026 et 2027, accréditant ainsi l’idée de se succéder. Qui sera en face du président sortant ?
Abdelaali Hassani Cherif, d’abord, représentera le Mouvement de la société pour la paix (MSP), parti islamiste dit modéré qu’il préside depuis 2023 à la place de Abderrazak Makri. Fondé en 1990, le MSP, qui compte aujourd’hui 65 députés à l’Assemblée nationale, n’a plus présenté de candidat à la magistrature suprême depuis 1995, élection au cours de laquelle son fondateur, Mahfoud Nahnah, s’était présenté face au général Liamine Zeroual. Depuis, le MSP a été un fidèle soutien à l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, avant que Makri provoque la rupture avec le pouvoir pour ancrer sa formation dans l’opposition.
En présentant la candidature de son premier secrétaire, Youcef Aouchiche, le Front des forces socialistes (FFS) rompt lui aussi avec la politique du boycott que son parti a prônée depuis la présidentielle d’avril 1999. À l’époque son fondateur, Hocine Aït Ahmed, s’est présenté face à Abdelaziz Bouteflika avant de mettre un terme à sa campagne suite à un malaise cardiaque. Né en 1983, Youcef Aouchiche est titulaire d’une licence en relations internationales à l’Institut des sciences politiques d’Alger. Militant du FFS à l’époque où il était encore étudiant, il devient premier secrétaire en juillet 2020.
Exit Saida Neghza et Zoubida Assoul
Les candidatures des deux seules femmes présentes dans la course n’ont donc pas été retenues. Saida Neghza, présidente de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), indiquait avoir obtenu suffisamment de parrainages pour valider son ticket. Elle s’est fait connaître en septembre 2023 lorsqu’elle avait adressé une lettre au président Tebboune pour l’alerter contre les dérives du comité interministériel qu’il a mis en place pour établir des redressements fiscaux aux hommes d’affaires. Craignant pour sa vie suite à cette initiative, Saida Neghza a dû fuir son pays pendant quelques mois avant de revenir pour concourir dans cette présidentielle. Fort caractère, réputée pour ne pas avoir la langue dans sa poche, elle portait un discours tranchant et critique contre les autorités qui manquera dans la campagne électorale.
On attendait aussi Louisa Hanoune, patron du Parti des travailleurs, qui a jeté l’éponge faute d’avoir récolté les parrainages suffisants, mais c’est finalement Zoubida Assoul, présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), qui a créé la surprise en déposant ses parrainages auprès de l’Anie. Ancienne magistrate devenue avocate, cette femme au tempérant bien trempé est connue pour plaider dans les prétoires la cause des journalistes emprisonnés ou des détenus arrêtés pour leur participation au hirak populaire. Elle manquera aussi à cette campagne.
Maintenant que l’Anie a rendu son verdict, il reste un dernier barrage pour les candidats, celui du Conseil constitutionnel qui doit définitivement valider – ou disqualifier – les dossiers, et ce dans un délai de sept jours maximum (éventuels recours compris). Ce sera le dernier écrémage avant le début de la campagne électorale. Une drôle de campagne, qui va se dérouler pendant les vacances scolaires et sous des températures caniculaires.
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