Réparateur de portables, le nouveau métier en vogue
L’explosion de la téléphonie mobile au Burkina Faso a créé un nouveau métier: réparateur de téléphones portables. Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest où le nombre d’abonnés a été multiplié par 100 en huit ans, cette activité informelle est lucrative.
Les yeux rivés sur un portable dépouillé de sa coque, Moumouni Tiemtoré, alias "Mouni", pincette à droite, fer à souder à gauche, envoie de petits coups de courant électrique sur la plaquette de l’appareil électronique.
De petites étincelles jaillissent et tout d’un coup, il suspend son geste et lance à son client: "c’est un problème de circuit. Il me faut plus de temps. Repassez demain".
Aux abords du grand marché de Ouagadougou et des sièges des opérateurs locaux de téléphonie mobile, les échoppes des réparateurs de portables tournent à plein régime pour des pannes variées: problèmes d’écoute, de batteries, de surchauffe. . .
Au Burkina Faso qui compte trois opérateurs, le nombre d’abonnés au mobile a été multiplié par 100 en 8 ans pour atteindre 2,5 millions en 2008.
Selon l’Autorité de régulation des télécommunications (Artel, publique) du Burkina, depuis 2007, 1.811 emplois directs ont été créés grâce au mobile et "des dizaines de milliers d’emplois indirects" avec les télécentres privés qui revendent des cartes de recharge de portable.
Reconverti en "chirurgien de portables"
Le marché africain de la téléphonie mobile enregistre depuis 2002 "la croissance la plus rapide au monde", révélait le cabinet Ernst & Young dans une étude rendue publique fin juin.
"Depuis 2002, le marché africain enregistre une croissance de 49,3%, là où le marché français des télécommunications n’enregistre qu’un taux de croissance annuel pondéré de 7,5%", le Brésil est à 28% et l’Asie à 27,4%, selon son enquête sur "le développement des télécommunications en Afrique".
Comme "Mouni", des centaines de jeunes, d’anciens chômeurs pour la plupart, munis ou non de vagues notions en électronique, se sont reconvertis dans ce nouveau métier, surfant sur ce boom de la téléphonie mobile au Burkina.
Ancien comptable, "Mouni" a trouvé en la réparation de téléphones portables, un filon porteur. A 34 ans, cet ancien étudiant en médecine à l’Université de Ouagadougou estime que ce métier n’est pas loin de la chirurgie.
"Pour réparer un portable il faut ouvrir, en chirurgie aussi, il faut l’opérer, c’est la même chose, on peut dire comme ça, chirurgien de portables", dit-il en souriant.
Mieux que l’horlogerie
Son voisin, Ibrahim Soukoundou, dit avoir abandonné son métier d’horloger pour être réparateur de téléphone mobile: "J’étais dans les montres mais vous savez, les montres ça ne marche plus comme avant, donc on essaie de changer".
Tous affirment que la réparation de portables est plus rentable que les montres ou les téléviseurs. "Mouni" dit pouvoir gagner 15. 000 francs CFA (environ 23 euros) en une journée, dans un pays où le salaire minimum est d’environ 31. 000 francs CFA (plus de 47 euros) par mois.
Mais ce métier fait parfois grincer les dents.
Des clients "sont venus dire que c’est après l’ouverture (de leur portable) qu’il y a eu des pannes et qu’avant, ils n’avaient pas de problème, mais c’est pas ça. Si c’est la même panne, nous on répare sans faire payer mais si c’est une nouvelle panne, c’est une autre affaire", explique "Mouni".
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