États-Unis : Kamala Harris fait un clin d’œil aux Afro-Américaines

Pour sa campagne au pied levé, la presque candidate du parti démocrate américain est intervenue, à Indianapolis, devant la convention de la sororité noire Zeta Phi Beta. Elle espère rééditer l’exploit de Barack Obama dans cet État.

© Damien Glez

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Publié le 26 juillet 2024 Lecture : 2 minutes.

Premier président « de couleur » des États-Unis d’Amérique, Barack Obama ne correspondait pas vraiment au profil prototypaire de l’Afro-Américain, généralement descendant des esclaves africains déportés entre les XVIe et XIXe siècles. Ni les ancêtres anglais et irlandais de sa mère ni les ascendants kenyans de son père n’avaient vécu l’histoire du « peuple noir » étasunien. Kamala Devi Harris ne coche pas davantage la case, fille d’une mère indienne née à Chennai et d’un père jamaïcain né à Brown’s Town…

Pourtant, pour parler à tous, dans la campagne électorale d’un scrutin indirect, il faut s’adresser à des groupes sociaux spécifiques, plus ou moins minoritaires, dont la somme pourrait finir par constituer une majorité de suffrages exprimés. Pour réussir l’exploit de fournir au bureau ovale de la Maison-Blanche le cocktail inédit d’un chef d’État féminin et « racisé », l’actuelle vice-présidente a tenté de faire vibrer la corde sensible du communautarisme des femmes noires.

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Appel aux sœurs de couleur

Ce 24 juillet, dans la grande salle du Palais des Congrès d’Indianapolis, quelques heures à peine après le jet d’éponge du candidat-président octogénaire Joe Biden, sa colistière s’adressait à la convention de Zeta Phi Beta. L’organisation féminine est la troisième plus grande sororité à prédominance afro-américaine du pays. Dans la perspective de l’élection du 5 novembre prochain, Kamala Harris a demandé le soutien des 6 000 membres de l’assemblée, ce qui a été présenté, dans la presse, comme un « appel aux Afro-Américaines« .

Cibler sans cliver

Dans la quête d’électorat, la ligne de crête entre « viser » et « segmenter » est bien étroite. Mais la vice-présidente doit jouer l’efficacité, au regard des trois contraintes qui se présentent à elle : primo, elle n’est pas encore investie officiellement par le parti démocrate ; secundo, sa probable campagne devra avoir du relief, après l’affichage délétère des faiblesses de Joe Biden et l’agression mobilisatrice de Donald Trump ; tertio, le ressort communautaire est moins tabou aux États-Unis que dans les autres nations occidentales.

Dans cet État d’Indiana où aucun présidentiable démocrate n’est arrivé en tête depuis près de 16 ans – soit lors de l’accession au pouvoir d’Obama –, la vice-présidente est restée prudente. Consciente qu’elle ne pourra être élue sans des suffrages d’hommes blancs, elle n’a pas centré ses propos publics d’Indianapolis sur l’identité de Zeta Phi Beta, évoquant plutôt « un choix entre deux visions différentes » pour la nation, « l’une axée sur l’avenir, l’autre sur le passé ». Une manière de rappeler le conservatisme traditionnel des républicains et l’âge de leur candidat, subitement devenu « le vieux » du duel…

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