La démocratie africaine au menu de la visite d’Obama

Le président américain va réserver une place importante à la démocratie en Afrique lors de son voyage au Ghana, les 10 et 11 juillet. Barack Obama va par ailleurs effectuer une visite du fort esclavagiste de Cape Coast. 

Publié le 9 juillet 2009 Lecture : 3 minutes.

Les Ghanéens ne sont pas peu fiers que le président américain Barack Obama ait choisi leur démocratique petit pays où il arrive vendredi soir pour son premier voyage en Afrique, mais ils en attendent aussi des retombées politiques et économiques.

"Nous prenons cette visite pour un encouragement après les efforts faits par notre pays depuis 15 ans en matière de démocratie, de bonne gouvernance et de développement économique", dit Emmanuel Gyimah-Boadi, responsable de l’Ong ghanéenne Centre pour la démocratie et le développement.

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Accompagné de son épouse, Barack Obama doit avoir des entretiens samedi avec le président John Atta-Mills, au pouvoir depuis janvier dernier, et prononcer un important discours au parlement.

L’exception ghanéenne

Le Ghana a déjà accueilli Bill Clinton en 1998 et George Bush en 2008, mais cette troisième visite présidentielle revêt une signification particulière: fin décembre le Ghana a connu des élections générales et présidentielle unanimement saluées comme un modèle de transparence et qui a vu l’opposition emmenée par John Atta-Mills emporter le parlement et la présidence.

Barack Obama a lui-même confirmé son choix du Ghana dans une interview récente par le fait que ce pays "a organisé des élections avec succès qui ont débouché sur un transfert pacifique du pouvoir", sur un continent plutôt habitué au contraire.

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Bill Clinton était venu alors que le capitaine Jerry Rawlings, auteur de deux coups d’Etat, était encore au pouvoir et que le pays se préparait à organiser en 2000 un retour délicat au pouvoir civil. "Aujourd’hui le Ghana jouit d’une démocratie stable et d’une économie plus forte, les investisseurs américains ne vont pas s’y tromper", affirme Gyimah Boadi.

Visite du fort esclavagiste de Cape Coast

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Kwesi Jonah, un professeur de sciences politiques à l’université préfère, lui, insister sur la "dimension raciale" de la visite dans l’ancienne "Gold Coast".

"C’est un grand honneur que le premier président afro-américain se rende dans le premier pays noir à avoir obtenu l’indépendance après la seconde guerre mondiale", dit-il.

L’un des temps forts du voyage présidentiel est d’ailleurs samedi la visite du fort esclavagiste de Cape Coast, à deux heures de route d’Accra.

Selon Kwesi Jonah cela va encourager beaucoup d’américains d’origine africaine à venir à la recherche de leurs racines au Ghana, d’où sont partis beaucoup d’esclaves noirs pour le "voyage sans retour" vers l’Amérique et les Caraibes.

"Coup de fouet"

Côté officiel, on jubile. Le secrétaire d’Etat à l’Information Samuel Ablakwa parle d’un "coup de fouet" pour les investissements, et sa collègue au Tourisme Juliana Azumah voit dans cette visite "une occasion de vendre la destination Ghana à l’international".

Deuxième producteur mondial de cacao, second producteur africain d’or, ce pays de 21 millions d’habitants compte aussi beaucoup sur le tourisme pour encaisser des devises.

Avec 20% d’inflation et un déficit budgétaire important, le pays a un besoin urgent d’investissements directs, surtout au moment de démarrer l’an prochain si tout va bien l’exploitation commerciale du pétrole découvert en 2007 au large de ses côtes. Avec un gisement d’environ 600 millions de barils, Accra table sur une production de 120. 000 b/j d’ici 2010.

Ghanéens optimistes et prudents

Pour célébrer la venue d’Obama, Accra a été pavoisée de drapeaux et d’imposants portraits des deux présidents.

Quant aux Ghanéens de la rue, ils sont optimistes, mais parfois prudents.

"Ce n’est pas la première fois qu’un président américain vient chez nous, mais la visite d’Obama c’est autre chose: il est africain et il comprend difficultés économiques des pays africains", dit John Nyagbe, un mécanicien automobile.

"J’espère qu’il ne vient pas que pour notre pétrole, C’est connu que les Etats-unis s’intéressent d’abord et avant tout à leurs intérêts", dit Raymond Akuley, un chauffeur de taxi d’Accra.

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