Le Mend intensifie sa « guerre du pétrole »
Le groupe armé nigérian Mend a revendiqué mercredi deux nouvelles attaques contre des oléoducs des compagnies Shell et Agip dans le sud pétrolier du pays, un signal clair qu’il n’entend pas pour le moment accepter l’offre d’amnistie présidentielle.
Les deux oléoducs ont été attaqués avant l’aube dans l’Etat de Bayelsa, a précisé le Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (Mend), dans le cadre de sa "guerre du pétrole" contre les autorités nigérianes.
L’oléoduc du groupe italien Agip, "qui est connecté au terminal d’Agip Brass, a été saboté à Nembe Creek", tandis que celui de l’anglo-néerlandais Shell a été attaqué dans la même zone dans le village d’Asawo, précise le mouvement armé.
Un porte-parole de Shell s’est borné à dire que la compagnie était en train d’"enquêter" sur cette nouvelle attaque.
De son côté, la compagnie italienne n’était pas joignable dans la matinée.
Sept attaques en deux semaines
Ces dernières attaques portent à sept le nombre d’opérations revendiquées par le Mend contre des installations pétrolières en deux semaines, depuis que le président Umaru Yar’adua a lancé le 25 juin une offre d’amnistie aux rebelles, dans l’espoir d’arrêter l’hémorragie de pétrole et de devises.
Car ces violences récurrentes dans le sud du pays depuis plus de trois ans coûtent tous les jours des millions de barils de pertes de production au Nigeria qui tire du pétrole 90% de ses rentrées en devises.
Mardi, le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria (CBN), Lamido Sanusi, a d’ailleurs annoncé que les réserves en devises étrangères du pays avaient fondu en quelques mois, perdant environ 10 milliards de dollars pour s’établir la semaine dernière à 43,19 milliards.
Le Nigeria fait désormais jeu égal avec l’Angola
A titre de comparaison, en mars la CBN avait annoncé des réserves de 59,7 milliards de dollars (38 milliards d’euros) et précisé qu’elles n’avaient cessé de croître ces trois dernières années grâce aux prix très élevés du pétrole (jusqu’à 147 dollars le baril) dont le Nigeria est le 8e exportateur mondial.
D’attaques en sabotages et prises d’otages, le delta est devenu une zone à haut risque, et le secteur du pétrole et du gaz, vital pour le pays, a été durement touché depuis l’apparition du Mend il y a plus de trois ans.
Depuis 2006, la production de brut a ainsi chuté de près d’un tiers et plafonne actuellement à 1,8 million de baril/jour contre 2,6 mbj trois ans plus tôt.
Le Nigeria qui a longtemps et de loin été le premier producteur d’Afrique fait désormais jeu égal avec l’Angola.
Projet de gazoduc transsaharien menacé
En annonçant le week-end dernier un renforcement de ses opérations, le Mend a également promis de saboter un projet de gazoduc transsaharien tout juste annoncé entre le Nigeria, le Niger et l’Algérie prévu pour entrer en service en 2015.
Le groupe a par ailleurs enlevé lundi six membres de l’équipage d’un chimiquier (deux Russes, deux Philippins, un Ukrainien et un Indien). C’est la première fois depuis plusieurs mois que le Mend revendique un prise d’otages, mais les enlèvements, la plupart du temps crapuleux, d’employés expatriés du secteur pétrolier sont fréquents dans le delta du Niger.
Amnistie rejetée
Au pouvoir depuis mai 2007, Umaru Yar’adua a officiellement fait du delta l’une de ses priorités, mais rien apparemment ne marche. Les sabotages continuent, pillages et braquages s’y multiplient, la production baisse, la misère y est toujours aussi patente.
Fin juin, il a offert une "amnistie et le pardon sans condition à toutes les personnes qui ont directement ou indirectement pris part à des délits associés aux activités des militants dans le delta du Niger".
Une offre immédiatement rejetée par le Mend.
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