Au Niger, le régime militaire fête son premier anniversaire en grande pompe

Le 26 juillet 2023, le général Tiani arrivait au pouvoir par un coup d’État. Un an plus tard jour pour jour, ce 26 juillet, la junte a rassemblé à Niamey des milliers de personnes pour célébrer son accession à la tête du Niger. Au programme, une semaine de festivités.

Le général Abdourahamane Tiani salue les militants venus assister aux célébrations au stade Seyni-Kountché, à Niamey, le 26 juillet 2024. © BOUREIMA HAMA / AFP

Le général Abdourahamane Tiani salue les militants venus assister aux célébrations au stade Seyni-Kountché, à Niamey, le 26 juillet 2024. © BOUREIMA HAMA / AFP

Publié le 27 juillet 2024 Lecture : 3 minutes.

Arrivés à pied ou à bord de bus mis à leur disposition, les participants à la fête ont été appelés à se retrouver dans l’après-midi au stade Seyni-Kountché (du nom du général auteur du premier coup d’État au Niger, en 1974, contre le président Hamani Diori), à Niamey. Le régime militaire qui a pris le pouvoir par un coup d’État le 26 juillet 2023 a rassemblé, un an après jour pour jour, des milliers de personnes pour fêter son premier anniversaire à la tête du pays.

« Nous sommes là pour célébrer l’avènement du CNSP [Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, régime au pouvoir] », jubile Fati Hassane, militante de l’organisation Femmes engagées, créée après le coup d’État. « Nous sommes en fête, notre cher pays va recouvrer sa souveraineté progressivement », se réjouit-elle sur fond de cris stridents des vuvuzelas.

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« Jamais dans l’histoire récente de notre pays un événement n’aura reçu une aussi grande adhésion populaire », a déclaré devant la foule le Premier ministre civil, Ali Mahamane Lamine Zeine. Pour inciter les habitants à se rendre au stade, les marchés et commerces étaient fermés.

« Reconquête de sa souveraineté »

Un important dispositif sécuritaire était mis en place, comprenant notamment des blindés autour du stade. T-shirts et robes constellés de photos de membres du régime, les partisans ont scandé le nom du chef du pouvoir militaire : le général Abdourahamane Tiani.

Venu saluer ses soutiens, le général a donné le coup d’envoi de la cérémonie par trois coups de toubal, un tambour traditionnel, mais n’a toutefois pas pris la parole. La date du 26 juillet a récemment été déclarée fête officielle par le régime et sera célébrée cette année par des concours de chant, des ballets et des compétitions de lutte jusqu’au 3 août, anniversaire de l’indépendance du Niger, ancienne colonie française, qui a rompu les liens avec l’Hexagone.

Les militaires en place multiplient les invectives contre les pays occidentaux dont la France, dont ils ont chassé les troupes fin 2023. Les soldats américains ont également amorcé leur départ, qui devra s’achever début août. Le « général Abdourahamane Tiani a placé le peuple nigérien sur la voie de la reconquête de sa souveraineté et de son indépendance véritable », a poursuivi Ali Mahamane Lamine Zeine.

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Le Niger s’est également éloigné de ses voisins ouest-africains par son retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) en janvier. Il s’est cependant rapproché du Mali et du Burkina Faso, également dirigés par des militaires, qui étaient représentés à la cérémonie. Les trois pays se sont réunis au sein de la confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES), qui connaîtra prochainement la création d’un Parlement, a annoncé un officiel malien en visite à Ouagadougou jeudi.

Turquie, Iran et Russie

Ils sont tous trois confrontés aux violences de groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique, qui ont fait en tout 20 000 morts depuis 2015 rien qu’au Burkina. Le régime du Niger avait notamment justifié son coup de force par la dégradation de la situation sécuritaire. Pourtant, les attaques perdurent. Ces derniers mois, plusieurs dizaines de civils et militaires ont été tués, surtout dans l’ouest du pays.

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« Je suis venu pour soutenir les militaires, ils font jusqu’ici du bon boulot », estime Ibrahim Niandou, drapeau national à la main. « Avant de marcher sur Niamey, j’ai sillonné plus de 1 000 km à pied à travers les communes de la région Dosso », à l’est de Niamey, a-t-il souligné.

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Pour se défendre notamment, le pays s’est rapproché de la Turquie, de l’Iran et de la Russie, dont quelques drapeaux étaient brandis dans les gradins. « Réputé pauvre et miséreux et incapable d’exister sans l’assistance de l’étranger, le Niger, notre pays s’est révélé au monde entier comme un pays respectable », s’est conforté Ali Mahamane Lamine Zeine.

Parallèlement à la fête, le président élu Mohamed Bazoum, renversé il y a un an, est depuis détenu dans sa résidence officielle avec sa femme, Hadiza. La France et l’Union européenne ont réitéré cette semaine leur appel à sa libération.

(avec AFP)

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Le général Abdourahamane Tiani, président du Niger, lors du premier sommet des chefs d’État de l’Alliance des États du Sahel (AES), le 6 juillet 2024, à Niamey. © Mahamadou Hamidou/Reuters

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