Massacre de Thiaroye : pour Ousmane Sonko, ce n’est « pas à la France de fixer unilatéralement le nombre d’Africains trahis et assassinés »

Paris a reconnu « morts pour la France » à titre posthume six tirailleurs exécutés sur ordre d’officiers de l’armée française, en 1944, à Thiaroye.

Le cimetière militaire de Thiaroye, en 2020. © Fatma Esma Arslan / Anadolu Agency via AFP

Le cimetière militaire de Thiaroye, en 2020. © Fatma Esma Arslan / Anadolu Agency via AFP

Publié le 29 juillet 2024 Lecture : 2 minutes.

Ousmane Sonko, le Premier ministre sénégalais, a déclaré, le 28 juillet, sur ses réseaux sociaux : « Je tiens à rappeler à la France qu’elle ne pourra plus ni faire ni conter seule ce bout d’histoire tragique. Ce n’est pas à elle de fixer unilatéralement le nombre d’Africains trahis et assassinés après avoir contribué à la sauver, ni le type et la portée de la reconnaissance et des réparations qu’ils méritent. »

Ce message, signé en tant que chef du parti Pastef-Les Patriotes et non du gouvernement, fait suite à la décision de Paris de reconnaître « morts pour la France » à titre posthume six tirailleurs exécutés sur ordre d’officiers de l’armée française, en 1944, à Thiaroye.

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Au matin du 1ᵉʳ décembre 1944, au camp militaire de Thiaroye, ville située non loin de la capitale sénégalaise, Dakar, des troupes coloniales et des gendarmes français avaient tiré sur ordre d’officiers de l’armée française sur des tirailleurs rapatriés qui réclamaient leurs arriérés de solde.

Selon le bilan dressé par les autorités françaises à l’époque, au moins 35 tirailleurs avaient trouvé la mort, sur place ou des suites de leurs blessures. Un chiffre qui reste encore sujet à controverse, des historiens l’estimant en réalité beaucoup plus élevé.

Un traumatisme toujours vif

Le lieu d’inhumation des soldats tués, dans des tombes individuelles ou des fosses communes, à Thiaroye ou ailleurs, fait également débat. Le traumatisme et le souvenir de ce massacre sont toujours vifs au Sénégal et sur le continent africain.

Ousmane Sonko, chantre d’un souverainisme et panafricanisme social, demande « au gouvernement français de revoir ses méthodes, car les temps ont changé ». « Pourquoi cette subite “prise de conscience” alors que le Sénégal s’apprête à donner un nouveau sens à ce douloureux souvenir, avec la célébration du 80ᵉ anniversaire cette année ? », s’interroge-t-il. Et de poursuivre : « Thiaroye 44, comme tout le reste, sera remémoré autrement désormais ».

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La mention de « Morts pour la France » a été attribuée par une décision datée du 18 juin dernier à ces six tirailleurs par l’Office national français des combattants et des victimes de guerre (ONaCVG).

Elle concerne « quatre tirailleurs originaires du Sénégal, un de Côte d’Ivoire et un de Haute-Volta » (devenu le Burkina Faso). Cette première décision « pourra être complétée dès lors que l’identité exacte d’autres victimes aura pu être établie », a précisé le secrétariat d’État français chargé des Anciens combattants et de la Mémoire.

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(Avec AFP)

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