La classe politique française réagit aux révélations sur l’affaire Tibéhirine
Les déclarations de François Buchwalter agitent la classe politique française. L’ancien général a révélé que les sept moines de Tibéhirine (Algérie) morts en 1996 avaient été tués par erreur par l’armée algérienne, et non par des islamistes. Une « bavure » dont il aurait informé Paris, qui aurait fermé les yeux.
Alain Juppé, Premier ministre en 1996 au moment de l’assassinat des moines de Tibéhirine, a déclaré mardi qu’il fallait "faire confiance à la justice pour faire toute la lumière sur cette dramatique affaire" indiquant que la France "n’a rien à cacher".
Selon le témoignage d’un ancien attaché de Défense français à Alger, les sept moines de Tibéhirine n’auraient pas été tués par le GIA mais lors d’une "bavure" de l’armée algérienne, ce que Paris a ensuite tu.
Les moines, selon le général Buchwalter, alors colonel, ont été tués peu après leur enlèvement par des tirs provenant d’hélicoptères militaires algériens alors qu’ils se trouvaient dans ce qui semblait être un bivouac de djihadistes.
"Je ne vois pas ce qu’il y a à cacher"
"Je prends acte du fait qu’un nouveau témoignage apparaît aujourd’hui, je n’en sais pas plus que ce que je lis dans la presse. Il y a une instruction judiciaire, il faut faire confiance à la justice pour faire toute la lumière sur cette dramatique affaire", a déclaré M. Juppé sur France Info.
"Je ne vois pas ce qu’il y a à cacher sur ce drame", a-t-il dit alors qu’on lui demandait s’il était favorable à la levée du secret-défense.
"Ce fut un drame épouvantable, a rappelé l’ancien chef du gouvernement, et dès que nous avons appris l’enlèvement des moines de Tibéhirine par le GIA, nous avons utilisé toutes les procédures et tous les moyens pour essayer d’obtenir leur libération. Malheureusement ces négociations ont échoué, depuis lors des rumeurs circulent sur l’origine de ce massacre".
Demande d’enquête parlementaire
Lundi, deux députés du Nouveau centre (NC, partenaire de l’Union pour un mouvement populaire, UMP) avaient demandé la création d’une commission d’enquête parlementaire sur les conditions de la mort de sept moines français.
"Les révélations du général Buchwalter selon lesquelles les moines de Tibéhirine auraient été tués par l’armée algérienne et non pas par le Groupe Islamique Armé comme cela a toujours été présenté font l’effet du bombe", ont déclaré Philippe Vigier et Nicolas Perruchot dans un communiqué.
"La représentation parlementaire doit être saisie de cette enquête", ont ajouté les deux députés.
Le témoignage du général Buchwalter constitue la preuve qu’il y a eu "dissimulation de la part des autorités algériennes et certainement de la part des autorités françaises" sur les circonstances de la mort des moines, a pour sa part souligné l’avocat des parties civiles, Patrick Baudouin.
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