Les Comores sous le choc après le crash

Andjouza devait fêter dans la joie son mariage cet été, mais la mère et la soeur du futur époux ont péri dans le crash de Yemenia au large des Comores. « C’est une tragédie nationale », dit-elle livrée à elle-même dans l’attente à Fomboni, un des villages meurtris.

Publié le 6 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

Fomboni, situé à environ 40 km au sud-est de la capitale Moroni et accessible par une mauvaise route serpentant entre côte volcanique et végétation exubérante, compte au moins neuf personnes parmi les victimes du crash du vol Paris-Sanaa-Moroni dans la nuit de lundi à mardi.

Une seule survivante a été retrouvée sur les 153 personnes se trouvant à bord. L’épave de l’avion reste introuvable, aucun corps ou débris n’a été repêché.

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"On est là, on attend qu’il y ait des nouvelles", souffle Andjouza Tamou, 21 ans, son joli visage surmonté d’un voile bleu. "C’est beaucoup de douleur pour un seul village", confie à l’AFP la jeune femme, dont le mariage est reporté.

"Les cérémonies sont suspendues"

Vêtus du "salouva" (pagne traditionnel coloré), une vingtaine de femmes descendent la principale rue de Fomboni empoussiérée, pour aller, selon la tradition, rendre visite à l’une des familles endeuillées.

"Il n’y a pas d’activité, certaines boutiques sont fermées; les cérémonies sont suspendues", explique le chef du village, Ali Bwana Mze, ajoutant que des "lectures du Coran sont faites dans les mosquées" en hommage aux victimes.

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Parmi elles figure le nouveau ministre des Télécommunications, Ahmed Abdou, qui aurait dû prendre un vol retour samedi mais avait avancé son voyage.

"Les rumeurs autour des recherches sont insoutenables; on aimerait être informé directement et avoir un soutien psychologique", confie, très émue, la soeur du ministre, Sitti Said Hassan.

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Près de Moroni, le village de Nyoumadzaha-Bambao, d’où est originaire la jeune rescapée, Bahia Bakari, 12 ans, qui a perdu sa mère dans l’accident, dénombrait cinq personnes dans l’avion de Yemenia.

"Les gens n’ont plus le courage de mener leurs activités"

Dans la maison de l’oncle de Bahia, Ali Abdou, règne un calme pesant: "c’est la douleur qui domine; les gens n’ont même plus le courage de mener leurs activités", témoigne-t-il.

"On écoute la radio, et on a un numéro où on peut appeler mais ils n’ont pas d’informations", déplore-t-il.

De nombreux parents de victimes se plaignent de ne pas être correctement informés par le gouvernement du déroulement des recherches.

L’enclavement et la pauvreté des villages de l’île de Grande-Comore (une des trois îles de l’archipel), dont certains n’ont pas l’électricité, rendent plus difficile l’accès à l’information.

Said Ahmed El Kabir, porte-parole du Collectif comorien des proches des victimes, qui a lui perdu sa soeur et trois de ses neveux agés de 6 à 14 ans, regrette que les familles se heurtent "au manque d’information fiable" notamment pour savoir si on retrouvera des corps ou non.

"Certains proches croient qu’on va retrouver des survivants"

"Certains proches croient qu’on va retrouver des survivants; ils ne veulent pas se rendre à l’évidence parce que c’est trop dur", explique-t-il.

Interrogé par des journalistes, le ministre de l’Intérieur, Bourhan Hamidou, souligne que le gouvernement "tente de les informer". "Il y a des gens qui n’ont pas d’électricité et ne peuvent recevoir les informations à la radio ou à la télévision", dit-il.

Dans le village de Mvouni, qui a perdu 15 personnes dans le crash, une information a circulé mardi faisant état du repêchage des corps.

Selon la religion musulmane, le corps du défunt doit être enterré le jour même du décès, alors les villageois ont creusé les tombes. Elles n’ont toujours pas été refermées.

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