Frappe imputée au Hezbollah sur le Golan occupé : comment Israël va riposter ?

Portant le conflit à niveau inédit, la frappe dont est accusé le Hezbollah sur le Golan occupé marque une escalade dans la guerre que mène Israël contre le Hamas et ses alliés. Bien que l’organisation libanaise chiite ait nié toute implication dans l’attaque de samedi 27 juillet, Tel Aviv a promis « une réponse sévère ».

Funérailles dans la ville druze de Majdal Shams dans le Golan annexé par Israël, le 29 juillet 2024. © Photo Jalaa MAREY / AFP

Funérailles dans la ville druze de Majdal Shams dans le Golan annexé par Israël, le 29 juillet 2024. © Photo Jalaa MAREY / AFP

Publié le 30 juillet 2024 Lecture : 3 minutes.

Le tir de roquette samedi, depuis le Liban sur le partie du Golan syrien occupée par Israël, a été imputé au Hezbollah qui nie toute responsabilité. Après cette attaque qui a coûté la vie à 12 jeunes dans la ville druze de Majdal Shams, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a promis une « réponse sévère », mais la forme et l’ampleur de la riposte restent inconnues.

Des experts ont déclaré que la stratégie d’Israël consisterait à accroître la pression sur le Hezbollah tout en essayant de contenir l’escalade, alors que le pays est engagé dans une guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza.

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Des frappes sur le sud du Liban ou jusqu’à Beyrouth ?

Orna Mizrahi, experte du Hezbollah à l’Institut israélien d’études de sécurité nationale (INSS), pense que la réponse sera « plus dévastatrice que ce que [les Israéliens] ont fait jusqu’ici, mais ce sera une réponse qui pourra être contenue par le Hezbollah et empêchera la détérioration en une guerre à grande échelle« .

Aux yeux de Jean-Loup Samaan, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI) et spécialiste du Liban, « les Israéliens vont vouloir montrer qu’ils montent d’un cran, mais jusqu’où? ». « Vont-ils aller à Beyrouth? Ou rester dans le sud [du Liban] comme ils l’ont fait jusqu’à présent? Vont-ils s’en tenir aux cibles du Hezbollah ou élargir leur champ d’action aux infrastructures du gouvernement [libanais] ou à l’aéroport? », se demande le chercheur. « Pour l’instant, je ne pense pas que nous en soyons là”.

Une invasion terrestre ?

Pour Michael Horowitz, expert en géopolitique pour le cabinet de conseil en sécurité Le Beck, basé au Moyen-Orient, « Israël peut frapper durement le Hezbollah sans toucher à Beyrouth, par exemple en visant pendant quelques jours des cibles militaires dans le reste du pays ». Du même avis que les autres experts interrogés, Michael Horowitz pense qu’une invasion terrestre est peu probable.

Avec des centaines de milliers d’Israéliens mobilisés depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre, la capacité d’Israël à étendre ses forces sur deux fronts est également une variable qui sera prise en compte dans sa réponse. « L’armée israélienne se prépare depuis longtemps à une guerre sur plusieurs fronts, mais cela ne signifie pas qu’elle la souhaite nécessairement », observe Michael Horowitz.

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Une invasion terrestre est « le scénario le plus risqué et le plus imprévisible, car la présence de forces israéliennes sur le terrain signifie que personne ne se retiendra », dit-il. « La principale question serait de savoir combien de troupes Israël pourrait laisser à Gaza, sachant que la situation y est très incertaine et que ses soldats doivent régulièrement revenir dans certaines zones qu’elles prétendaient auparavant avoir sécurisées », analyse Jean-Loup Samaan.

Même si elle est confiante dans le fait que la riposte israélienne sera « de faible ampleur » pour éviter une guerre à grande échelle, Orna Mizrahi estime qu’Israël « peut faire face à deux fronts », mais que « le prix sera élevé, et ce sera plus difficile ».

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Et la réaction américaine ?

La communauté internationale, sous l’égide des Etats-Unis et de l’ONU, s’est mobilisée pour éviter une extension de la guerre de la bande de Gaza au Liban. « Israël doit écouter et prendre en considération l’avis des Etats-Unis, en particulier en ce qui concerne le Hezbollah, car Washington pourrait être amené à intervenir pour soutenir Israël en cas d’escalade du conflit », juge Michel Horowitz.

Pays allié le plus proche d’Israël, les Etats-Unis sont leur principal fournisseur d’armes, et ils sont confrontés à des appels sur le sol américain visant à geler les livraisons d’armements. « Ce que les Américains pensent et demandent est pris en considération. Et peut-être (aussi ce que demandent) certains Européens », estime Orna Mizrahi.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah, mouvement armé soutenu par l’Iran, échange des tirs quasi quotidiennement avec Israël, affirmant soutenir le Hamas et les Palestiniens. Selon les autorités israéliennes, 22 soldats et 24 civils ont depuis été tués par les tirs du Hezbollah. Environ 60 000 personnes ont été évacuées du nord d’Israël.

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