Un rapport d’Amnesty dénonce les crimes de guerre du Hamas et d’Israël
Amnesty International a passé au crible les 22 jours de l’opération meurtrière baptisée Plomb Durci par Israël et menée en janvier dans la bande de Gaza contre le Hamas. L’organisation internationale dénonce les pertes civiles et réclame un embargo immédiat sur les armes, ainsi qu’une condamnation des responsables.
Amnesty International a publié jeudi un rapport accablant sur l’offensive israélienne à Gaza de décembre-janvier, accusant à la fois Israël et le groupe palestinien Hamas de "crimes de guerre".
L’armée israélienne et les islamistes du Hamas, au pouvoir à Gaza, ont tous deux dénoncé ce rapport intitulé "Opération ‘Plomb durci’; 22 jours de morts et de destruction à Gaza".
Le rapport de 117 pages de l’organisation de défense des droits de l’Homme basée à Londres est un véritable acte d’accusation contre Israël et son armée et confirme le bilan palestinien de 1.400 morts et quelque 5.000 blessés, de même que la destruction de larges secteurs de Gaza (dont 2.700 bâtiments).
Crimes de guerre des deux côtés
Dans ce qui constitue la première étude approfondie sur l’offensive du 28 décembre au 17 janvier, Amnesty renouvelle son appel à un embargo "total et immédiat" sur les armes à destination aussi bien d’Israël que du Hamas.
Affirmant que des "crimes de guerre" ont été commis par les deux protagonistes, Amnesty International demande aux Etats partout dans le monde d’engager des poursuites judiciaires et "d’arrêter" les auteurs suspectés de ces crimes.
Elle accuse l’armée israélienne de n’avoir pas "distingué entre cibles civiles et militaires", avec pour résultat la "mort de centaines de civils désarmés dont 300 enfants, 115 femmes et 85 hommes âgés de plus de 50 ans". L’organisation l’accuse en outre de s’être servie de civils, y compris d’enfants, comme "boucliers humains".
Elle met en cause l’armée israélienne pour avoir tué des centaines de civils, non seulement avec des armes de haute précision mais aussi par des tirs d’artillerie et d’obus à fléchettes. Elle lui reproche d’avoir tiré des obus au phosphore blanc "au dessus de zones à grande densité de population" provoquant de graves brûlures, parfois mortelles.
Rapport "pas équilibré"
Le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens sont eux accusés d’avoir "installé des positions militaires près d’habitations, mettant ainsi en péril la vie des civils". Amnesty nie en revanche que le Hamas ou d’autres groupes armés palestiniens se soient servis de la population comme "bouclier humain".
Elle relève aussi que le Hamas et les groupes armés palestiniens ont tiré des centaines de roquettes contre le territoire israélien, qui ont fait trois morts civils, alors que six militaires étaient tués lors de l’opération, et provoqué un exode de centaines de milliers d’habitants du sud d’Israël.
"Le ton général du rapport démontre que l’organisation a succombé aux manipulations du Hamas, un mouvement terroriste", a affirmé l’armée israélienne dans un communiqué. Ce rapport "n’est pas équilibré" car selon elle il ne tient pas compte des "neuf années durant lesquelles le Hamas a constamment tiré des roquettes vers un quart de millions d’Israéliens.
Fausses accusations
"Le rapport ignore les efforts déployés par l’armée israélienne pour éviter au maximum que soit porté atteinte à des civils non-combattants", a-t-il souligné en accusant le Hamas "d’avoir mené des opérations à partir de zones densément peuplées en utilisant la population comme bouclier humain".
A Gaza, le porte-parole du Hamas Sami Abou Zouhri a également rejeté les conclusions du rapport affirmant qu’il n’était "ni équitable, ni équilibré. Il met bourreau et victime sur le même pied d’égalité".
"Il a porté de fausses accusations contre le Hamas tout en réduisant la gravité des crimes commis par l’occupant israélien. Il vise à brouiller les cartes et offrir une opportunité pour masquer l’ampleur des crimes israéliens", a-t-il dit dans une conférence de presse.
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