Crash Yemenia: cérémonie d’hommage et colère des familles

Le président français Nicolas Sarkozy a assisté jeudi soir à une cérémonie inter-religieuse à la Grande Mosquée de Paris à la mémoire des victimes de l’accident de l’Airbus de Yemenia, tandis que la communauté comorienne exprimait sa colère à Marseille. Aux Comores, le président a appelé à un deuil national.

Publié le 2 juillet 2009 Lecture : 3 minutes.

Nicolas Sarkozy est arrivé en début de soirée dans le patio de la mosquée de Paris, où se trouvaient quelque 250 proches et parents des victimes, avant la lecture de la traditionnelle "prière de l’absent".

Auparavant, le secrétaire d’Etat aux Transports Dominique Bussereau, le secrétaire d’Etat à la coopération Alain Joyandet avaient répondu pendant plus d’une demi-heure aux interrogations des proches sur les circonstances de l’accident.

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A l’issue de la cérémonie, Nicolas Sarkozy s’est rendu au chevet de la jeune Bahia Bakari, 12 ans, l’unique rescapée de la catastrophe, hospitalisée à Paris, a-t-on indiqué dans son entourage.

Le président comorien, qui a écourté sa venue au sommet de l’UA en Libye pour rentrer dans l’archipel dans la nuit de mercredi à jeudi, a décrété un deuil national de 30 jours pour rendre hommage aux victimes.

"A partir d’aujourd’hui (jeudi), notre pays est en deuil pour une période de 30 jours", a déclaré le président de l’Union des Comores.

Il a demandé aux Comoriens de "prier" pour les disparus et de "porter des vêtements décents". "Nous demandons à la France d’unir nos efforts pour découvrir la vérité", a-t-il réclamé.

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Annulation des vols

A Marseille, où vit une importante communauté comorienne, quelque 500 personnes, exprimant leur colère, ont contraint jeudi Yemenia à annuler comme la veille son vol Marseille-Moroni, affirmant qu’ils ne relâcheraient pas leur action sans enquête sur l’accident dans la nuit de lundi à mardi de ce vol. La compaghnie a décidé de suspendre ses vols au départ et à destination de Marseille "pour une durée indéterminée".

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Dans un communiqué, la compagnie yéménite a invoqué "un cas de force majeure" et lié sa décision "aux graves événements survenus à l’aéroport de Marseille-Provence ces deux derniers jours et aux comportements violents qui sont à y déplorer".

Yemenia "ne peut poursuivre normalement l’exploitation de ses lignes au départ et à destination de cet aéroport sans mettre gravement en péril la sécurité des passagers, des usagers et des personnels qui y travaillent", selon le communiqué.

"La compagnie déplore que cette période de deuil soit affectée par des comportements inadmissibles qui interdisent la recherche sereine des causes de cette catastrophe et empêchent d’acheminer les familles des victimes jusqu’à Moroni", ajoute-t-elle.

 Demande d’enquête

L’avion utilisé après l’escale au Yémen, un A310 interdit de vol en France, s’est abîmé au large des Comores avec 153 personnes à son bord, dont seule une fillette de 12 ans a été retrouvée vivante.

Des représentants de la communauté demandent, dans une lettre qu’ils comptaient remettre jeudi à Nicolas Sarkozy, une commission d’enquête sur les causes de la catastrophe.

La lettre demande en outre que la France affrète un vol pour que les familles endeuillées puissent se rendre aux Comores.

"Tant que nous n’aurons pas les résultats de cette commission d’enquête, aucun vol ne partira de Marseille", a affirmé Saïd Ahamada, président de la Chambre de commerce franco-comorienne dans cette ville.

Dans la journée, dans une ambiance tendue, une chaîne humaine avait été formée par des femmes en tenue traditionnelle devant les guichets d’enregistrement. Une personne qui essayait de faire accéder des passagers aux guichets a été violemment expulsée par la foule et une journaliste vidéo de l’AFP a été violemment prise à partie par une dizaine de manifestants.

Le président du Conseil représentatif des associations noires (Cran) Patrick Lozès a fait part jeudi d’un sentiment d’injustice qui anime la communauté comorienne et plus largement la communauté noire en France depuis l’accident de l’A310.

"On a un sentiment de deux poids, deux mesures", a-t-il dit. "Le gouvernement français savait que beaucoup de ses ressortissants vont voir leurs familles en Afrique ou aux Antilles dans des avions poubelle. Sa responsabilité est engagée", a-t-il estimé.

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