Donald Trump accuse Kamala Harris d’être « devenue noire »
Le candidat républicain à l’élection présidentielle américaine soutient que son adversaire démocrate, métisse indo-jamaïcaine, ne se définit comme africaine-américaine que pour séduire une frange de l’électorat.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 1 août 2024 Lecture : 2 minutes.
Donald Trump est-il en train d’accuser Kamala Harris de blackface ? Pas sûr, pourtant, que l’ancien président des États-Unis soit le mieux placé pour jauger le taux de mélanine d’un épiderme, lui dont le visage semble extrait d’une sérigraphie d’Andy Warhol : teint orange, paupière rosâtre et cheveux ocre. Ce 31 juillet, il a néanmoins accusé l’actuelle vice-présidente d’être « devenue noire ».
Le Républicain a en outre formulé cette étrange accusation à Chicago – fief du premier président métis, Barack Obama – devant des journalistes africains-américains plutôt remontés… Trump ne préjugeait pas d’un éventuel test de colorimétrie de la peau de Harris. Il évoquait une présumée identité artificiellement construite dans le but d’obtenir un avantage électoral auprès de certaines communautés…
La presque candidate du parti démocrate est née d’un père jamaïcain et d’une mère indienne. Son adversaire républicain affirme qu’elle « était indienne à fond et tout d’un coup, elle a changé et elle est devenue une personne noire ». À l’en croire, elle aurait adopté une posture « afro » pour des raisons électoralistes, après analyse des réservoirs de voix…
Les États-Unis « méritent mieux »
La première femme racisée et originaire d’Asie du Sud à viser la présidence se définit bien elle-même comme une « femme noire ». Sans entrer dans le piège tendu par Donald Trump, celui de la mobilisation d’une communauté au détriment d’une autre, Kamala Harris s’est contentée d’affirmer que les États-Unis « méritaient mieux » qu’un tel « manque de respect ».
La porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre – première personne noire à occuper cette fonction –, a qualifié les commentaires de l’ancien président d’« insultants », précisant que « personne n’a le droit de dire à quelqu’un comment il s’identifie ».
Trump, afro-compatible ?
Si se relier à une minorité est à double tranchant, aucune communauté n’est négligeable sur le plan électoral, surtout sous un mode de scrutin indirect et dans des États américains où les groupes sociaux ne sont pas également répartis. À Chicago, où les communautés blanche, noire et latino sont à peu près également représentées, Donald Trump a prétendu, ce même 31 juillet, être le « meilleur président pour la population noire depuis Abraham Lincoln », l’artisan de l’abolition de l’esclavage.
Le retrait de la candidature de Joe Biden était susceptible de désarçonner une stratégie de campagne républicaine qui avait fait ses choux gras des présumés signes de sénilité de l’actuel chef de l’État. Et voici qu’à un trimestre de l’élection, le septuagénaire Trump affronte une adversaire de 18 ans sa cadette. Comme au judo, il lui faut identifier ses faiblesses pour trouver les bonnes prises. Pour l’heure, il a déjà testé les sobriquets de « Kamala la menteuse », « Kamala l’hilare » et « Kamala la folle ».
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