Jour du dépassement : en août, l’humanité vit (déjà) à crédit
Entre le 1er janvier et le 1er août, l’être humain aurait consommé l’ensemble des ressources naturelles que la planète est capable de produire en un an. Ce « jour du dépassement » tombe à une période où l’Afrique souffre particulièrement des contraintes climatiques.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 5 août 2024 Lecture : 2 minutes.
C’est au moment de l’année où l’Afrique s’attend à souffrir d’inondations calamiteuses et d’accès de sécheresse catastrophiques que les scientifiques annoncent qu’à l’échelle du globe, les « ressources naturelles de l’année » sont épuisées. Il s’agit plus précisément de l’ensemble des ressources naturelles que la planète est capable de produire en un an pour régénérer les consommations du vivant ou absorber les déchets produits, dont le dioxyde de carbone. À partir du « jour du dépassement » évalué, cette année, au 1er août, l’être humain vit à crédit vis-à-vis de son environnement naturel…
C’est l’ONG américaine Global Footprint Network qui évalue ce basculement annuel à partir de l’empreinte écologique globale, considérant aussi bien les émissions de CO2 que la production d’électricité ou encore la consommation de viande. Chaque année, la fixation de cette date est l’occasion d’un événement communicationnel qui tente de mobiliser les tenants des pratiques et politiques socio-environnementales.
Comme de bien entendu, si cette date du 1er août est une date commune au monde entier, l’Afrique ne contribue que modérément à l’épuisement des ressources naturelles concernées. Sur ce point, les Occidentaux actuellement accusés de tant de maux ne peuvent guère se dédouaner.
Vie à crédit
Des simulations scientifiques annexes à la fixation de la date du 1er août le démontrent : si l’on prend le cas de la France, aujourd’hui mise à l’index pour de présumées stratégies hostiles à l’Afrique, sa consommation moyenne aurait pour effet de déplacer le jour du dépassement au 7 mai, si tout humain consommait comme un Français…
Si le calcul du « jour du dépassement » agace ceux qui considèrent que la crainte de la fin du monde ne saurait éluder l’enjeu de la fin du mois, c’est – comme toujours – la tendance qui est intéressante à observer. Primo, d’année en année, cette date glisse aussi inéluctablement qu’imperceptiblement vers l’insouciance du jour de l’An. En 1970, ce jour du dépassement tombait le 29 décembre, témoignant d’un équilibre entre l’empreinte humaine « renouvelable » et la génération annuelle de la nature. En l’an 2000, il était situé le 23 septembre…
Secundo, les mauvaises performances écologiques annuelles ne sont pas le mauvais score d’un jeu de société dont on recommencerait inlassablement une nouvelle partie. Le compteur de l’empreinte sur le capital naturel n’est pas remis à zéro le jour de la Saint-Sylvestre. La dette humaine à l’égard du globe s’accumule et les limites planétaires sont appelées à être de plus en plus prégnantes. Notamment en Afrique qui, tout à la fois, héberge des ressources naturelles enthousiasmantes et subit déjà les pires effets des changements climatiques.
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