Sarkozy joue la carte de l’apaisement aux Antilles

Quatre mois après les émeutes contre la vie chère, Nicolas Sarkozy a affiché jeudi, au premier jour de sa visite à la Martinique et à la Guadeloupe, sa volonté « d’apaiser les choses » et « d’apporter une réponse » au malaise social qui persiste dans les deux îles.

Publié le 26 juin 2009 Lecture : 3 minutes.

Sitôt posé le pied à Fort-de-France, le chef de l’Etat a manifesté sa volonté de tourner la page de la crise de l’hiver et a invité tous les acteurs locaux à participer à la consultation des états généraux de l’outre-mer, y compris ceux qui les boudent, comme le collectif guadeloupéen LKP.

"Il faut qu’on change, je suis persuadé que le statu quo n’est pas possible", a-t-il lancé devant la presse, "il faut absolument trouver une solution, apaiser les choses et apporter une réponse à la fois à la demande d’égalité et d’identité. Je vais m’y consacrer pendant ces deux jours".

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Premier signe adressé aux Antillais, Nicolas Sarkozy a voulu "réparer une injustice" en rendant le premier hommage de la République aux Antillais qui ont rallié la France libre pendant la Seconde guerre mondiale.

"Notre histoire est partagée, nos sangs mêlés"

"A l’heure où certains ont pu douter, dans un contexte de crise, de la force du lien qui nous unit, j’ai voulu rappeler aujourd’hui ce que pouvait avoir de concret le fait de vivre un destin commun", a-t-il déclaré avant de décorer quatorze de ces "dissidents". "Notre histoire est partagée, nos sangs mêlés, c’est un sentiment que nul ne pourra jamais briser".

Après une visite en coup de vent de deux entreprises locales de boulangerie, Nicolas Sarkozy a répété son message lors d’une séance des états généraux, lancés par le gouvernement en avril pour "bâtir un modèle refondé de relations entre les Antilles et la métropole".

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"Je sais très bien l’inquiétude de certains d’entre vous", a-t-il lancé devant plusieurs centaines de personnes, "mais je me suis mis un défi en tant que chef de l’Etat, c’est qu’on réussisse".

"On a mieux à faire que de s’affronter"

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Après les affrontements de l’hiver, le chef de l’Etat a joué les rassembleurs. "Il va falloir qu’on apprenne à se comprendre, à s’écouter. On a mieux à faire que de s’affronter", a estimé Nicolas Sarkozy, "la question antillaise est trop importante pour qu’on en fasse un question partisane. Si on veut réussir, on aura besoin de tout le monde".

Dans la foulée, il a fustigé ceux qui ont fait le choix de refuser la main tendue par l’Etat. "Je dis à tous ceux qui ne participent pas à cet exercice démocratique, et bien ils ont bien tort", a jugé le président. "Comme c’est facile de refuser de participer, comme c’est beaucoup plus courageux de participer !", s’est-il exclamé.

Un coup de griffe au LKP et à son emblématique porte-parole Elie Domota, qui boude les états généraux et a déjà proclamé leur "échec total". Nicolas Sarkozy ne devrait pas croiser vendredi en Guadeloupe M. Domota, dont la semaine de "mobilisation générale" ne rencontre qu’un faible écho.

Référendum sur l’autonomie

Comme le chef de l’Etat l’a encore rappelé jeudi, le gouvernement ne tirera les premières conclusions des états généraux qu’en octobre, lors d’un premier conseil interministériel de l’outre-mer.

Avant de rallier Pointe-à-Pitre, le président doit évoquer dès vendredi la question sensible du futur statut des îles françaises des Antilles, notamment pour répondre aux élus de Martinique qui souhaitent reporter les régionales de 2010 afin d’organiser un éventuel référendum sur l’autonomie.

"On ne peut pas gérer un département au coeur de la Caraïbe comme un département dans la métropole, c’est une évidence", a estimé Nicolas Sarkozy, avant de promettre aux Martiniquais que "sous une forme que nous déterminerons, je vous demanderai votre opinion".

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