Ravalomanana-Rajoelina : la guerre continue

Négociations régime-opposition au point mort, isolement international du nouveau pouvoir: aucun scénario de sortie de crise ne se profile à Madagascar trois mois après l’éviction du président Marc Ravalomanana par l’ex-maire de la capitale Andry Rajoelina.

Publié le 25 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

Toutes les parties impliquées dans la recherche d’une sortie de crise se disent prêtes à reprendre les négociations suspendues le 16 juin, mais campent sur des positions inconciliables.

La Haute autorité de transition (HAT) d’Andry Rajoelina entend organiser – avec un mois de retard, du 30 juin au 3 juillet – des "Conférences régionales", prélude à une Conférence nationale chargée de préparer la tenue d’une élection présidentielle en octobre 2010.

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Mais cet unique plan de sortie de crise n’est reconnu ni par les partisans de Marc Ravalomanana et ceux des autres anciens chefs de l’Etat, ni par la communauté internationale, qui exige "un retour à l’ordre constitutionnel".

Jusqu’à présent, les délégués aux pourparlers de MM. Rajoelina et Ravalomanana, ainsi que ceux des anciens présidents Didier Ratsiraka et Albert Zafy, ont élaboré une simple ébauche de "charte de transition". Mais les clauses essentielles de cette charte -amnistie, organisation des institutions de la transition- restent en suspens.

Ravalomanana peut-il revenir ?

Le cas de Marc Ravalomanana, condamné à 4 ans de prison le 3 juin, semble insoluble, la HAT souhaitant l’écarter définitivement de la course au pouvoir. "L’essentiel, c’est le retour physique de Marc Ravalomanana, et qu’il puisse être candidat aux élections", rappelle Raharinaivo Andrianatoandro, représentant de Marc Ravalomanana.

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"La question est de savoir si celui qui a commis des actes criminels et qui a pillé les richesses du pays peut se présenter aux élections", a rétorqué Andry Rajoelina lors d’une interview sur RFI (Radio France Internationale). Dans ce dialogue de sourds, de nombreux observateurs doutent de la possibilité d’un accord rapide, alors que la suspension de l’aide internationale fragilise un peu plus l’économie malgache.

Lors d’un sommet extraordinaire le 20 juin, la Communauté de développement d’Afrique Australe (SADC), dont Madagascar est suspendue, a appelé une nouvelle fois au dialogue, fermant la porte à une potentielle action militaire que Marc Ravalomanana proposait pour reprendre le pouvoir.

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Cette hypothèse laissait planer l’incertitude sur la stabilité du pays, alors que les partisans du président évincé, actuellement en exil en Afrique du Sud, espéraient son retour avant le 26 juin, jour de la fête nationale.

Risque d’attentat

"Beaucoup de militants pensent que laisser la fête nationale entre les mains de la HAT est un sacrilège", assure Alain Andriamiseza, un des chefs de file du "mouvement légaliste" pro-Ravalomanana. "Une frange de nos militants se radicalise dangereusement", prévient-il. Pour parer à cette menace potentielle, le gouvernement a déployé un plan "Vigie Mada" visant à sécuriser le pays.

Mercredi, plusieurs personnes ont été arrêtées, soupçonnées de préparer un attentat à la bombe pour permettre à Marc Ravalomanana de reprendre le pouvoir. La plupart étaient des employés de Tiko, une société détenue par le président déchu.

Mi-juin déjà, une engin explosif a fait des dégâts dans un suprmarché de la capitale, et un autre a été retrouvé par l’armée près d’un poste de contrôle. Le porte-parole de Marc Ravalomanana a pris ses distances avec ces actions, mais la HAT craint un prochain "coup politique".

Pour désamorcer la crise, la SADC a nommé l’ex-président mozambicain Joaquim Chissano pour émissaire, un choix salué par toutes les parties. Pour l’émissaire des Nations unies Tiébilé Dramé, impliqué dans la médiation depuis février, cette nomination pourrait permettre d’organiser une rencontre entre MM. Rajoelina, Ravalomanana, Ratsiraka et Zafy, dans un pays tiers.

"L’idée qui fait son chemin est de porter les questions restantes au niveau des chefs de file", explique-t-il.  (Avec agences)

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