En Tunisie, l’opposante Abir Moussi candidate à la présidentielle ?

La véhémente adversaire du président Kaïs Saïed, emprisonnée depuis l’automne 2023, a déposé sa candidature à l’élection présidentielle du 6 octobre via ses avocats, selon des médias locaux.

Abir Moussi, cheffe du Parti destourien libre (PDL), lors d’une manifestation contre la politique du président Kaïs Saïed, à Carthage le 14 janvier 2023. © Sofiene HAMDAOUI / AFP

Abir Moussi, cheffe du Parti destourien libre (PDL), lors d’une manifestation contre la politique du président Kaïs Saïed, à Carthage le 14 janvier 2023. © Sofiene HAMDAOUI / AFP

Publié le 3 août 2024 Lecture : 2 minutes.

Ce 3 août, la farouche opposante au président Kaïs Saïed en Tunisie, Abir Moussi, emprisonnée depuis l’automne 2023, a déposé sa candidature à la présidentielle du 6 octobre par l’intermédiaire de ses avocats, selon des médias locaux.

Six membres du comité de défense de la cheffe du Parti destourien libre (PDL), qui se revendique de l’héritage des autocrates Habib Bourguiba et Zine El Abidine Ben Ali, ont soumis son dossier à l’autorité électorale Isie, selon la radio Mosaïque FM. Les postulants ont jusqu’au mardi 6 août à 17 heures GMT pour candidater.

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Le parcours vers la présidentielle s’annonce semé d’embûches, selon les experts, pour les rivaux potentiels du président Saïed, élu démocratiquement en 2019 mais auteur d’un coup de force il y a trois ans et qui brigue un deuxième mandat.

Critères draconiens

Les critères d’acceptation sont draconiens : il faut le parrainage de dix parlementaires ou 40 présidents de collectivités locales – largement acquis à Kaïs Saïed – ou de 10 000 électeurs à raison d’au moins 500 signatures par circonscription, un nombre difficile à recueillir, d’après les experts.

Virulente critique à la fois du président Saïed et du parti islamo-conservateur d’opposition Ennahdha, Abir Moussi, une ancienne députée de 49 ans, avait été arrêtée le 3 octobre devant le palais présidentiel de Carthage, alors que, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets du président.

Elle fait l’objet d’accusations graves, dont celles « d’attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement », soupçonnée d’avoir voulu rétablir un régime similaire à celui de Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

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Entraves à la liberté de se présenter

D’autres figures de l’opposition en détention, comme Issam Chebbi et Ghazi Chaouachi, accusés de complot contre l’État, avaient annoncé leur intention de postuler à la présidentielle, mais ils ont jeté l’éponge faute d’avoir obtenu une procuration spéciale pour être représentés pendant la procédure.

Le 31 juillet, une dizaine de prétendants sérieux, dont l’homme de médias Nizar Chaari, l’amiral à la retraite Kamel Akrout et Abdellatif Mekki, un ancien ministre, ont dénoncé dans un communiqué des entraves à leur liberté de se présenter.

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Cette semaine, quatre femmes travaillant pour le rappeur milliardaire Karim Gharbi, alias K2Rhym – candidat potentiel à la présidentielle –, ont été condamnées à des peines de prison de deux à quatre ans pour achat de parrainages, et trois collaborateurs de Nizar Chaari ont été placés en détention pour les mêmes soupçons, catégoriquement démentis par le candidat.

Le 1er août, une trentaine d’ONG, dont la Ligue tunisienne des droits de l’homme, ont fustigé des « arrestations arbitraires » de candidats, une autorité électorale ayant « perdu son indépendance » et « une monopolisation de l’espace public » avec « l’utilisation des ressources de l’État pour favoriser un candidat au détriment des autres ».

(avec AFP)

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