Les tensions montent au Moyen-Orient, faisant redouter une guerre régionale
Appels à quitter le Liban, renforcement du dispositif militaire américain dans la région, suspension de liaisons aériennes… Les inquiétudes face à une escalade militaire au Moyen-Orient s’amplifient après la multiplication des menaces de l’Iran et de ses alliés contre Israël.
L’Iran, le mouvement islamiste palestinien Hamas et le Hezbollah libanais ont accusé Israël de la mort du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, tué dans sa résidence à Téhéran le 31 juillet. Son assassinat est survenu quelques heures après une frappe revendiquée par l’État hébreu qui a tué le chef militaire du mouvement libanais, Fouad Chokr, le soir du 30 juillet près de Beyrouth.
Tel-Aviv n’a pas commenté l’assassinat de Haniyeh, mais avait juré de détruire le Hamas au lendemain du 7 octobre, enclenchant une riposte dévastatrice de l’armée israélienne à Gaza. Les dirigeants iraniens ainsi que le Hezbollah et le Hamas ont juré de venger la mort de Haniyeh et Chokr. Le guide suprême d’Iran, Ali Khamenei, a menacé Israël d’un « châtiment sévère ». En face, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a affirmé que son pays était à un « niveau très élevé » de préparation pour n’importe quel scénario, « tant défensif qu’offensif ».
Au vu de « la possibilité d’une escalade régionale par l’Iran et ses partenaires », les États-Unis, principal allié d’Israël, ont annoncé vendredi « modifier [leur] dispositif militaire » pour « améliorer la protection des forces armées des États-Unis » et « doper le soutien à la défense d’Israël ». Interrogé par des journalistes dans sa résidence balnéaire du Delaware pour savoir s’il pensait que l’Iran se tiendrait à l’écart, le président américain Joe Biden a répondu : « Je l’espère, je ne sais pas. »
« Riposte inéluctable »
Ces dernières 24 heures, la France, la Jordanie et l’Arabie saoudite ont appelé leurs ressortissants à quitter le Liban. La France a invité ses ressortissants à quitter le Liban « dès que possible », et ceux résidant en Iran à « quitter temporairement le pays ». Auparavant, l’ambassade des États-Unis avait exhorté ses ressortissants à quitter le Liban en prenant « n’importe quel billet d’avion disponible ».
Le ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni, David Lammy, avait aussi déclaré : « Mon message pour les ressortissants britanniques est clair : quittez maintenant » le Liban ! La Suède a également annoncé la fermeture de son ambassade à Beyrouth et appelé ses ressortissants à partir. Le Canada a pour sa part appelé ses ressortissants à « éviter tout voyage en Israël en raison du conflit armé régional en cours et de la situation imprévisible en matière de sécurité ».
La guerre à Gaza a entraîné l’ouverture de fronts contre Israël par le Hezbollah et les rebelles yéménites houthis qui forment avec le Hamas et des groupes armés irakiens ce que l’Iran appelle « l’axe de la résistance » face à Israël. La représentation de l’Iran auprès de l’ONU a dit s’attendre à ce que le Hezbollah frappe en « profondeur » du territoire israélien, et « ne se limite pas aux cibles militaires », après que le chef du mouvement, Hassan Nasrallah, a parlé d’une « riposte inéluctable ».
Lufthansa, Air France, Kuwait Airways…
Selon les Gardiens de la révolution, armée idéologique d’Iran, Ismaïl Haniyeh a été tué par un « projectile de courte portée » tiré sur le bâtiment où il se trouvait après avoir assisté à la cérémonie d’investiture du président iranien. « Le régime sioniste recevra certainement la réponse à ce crime au moment et au lieu appropriés », ont-ils averti. Tel-Aviv et Haïfa « font partie des cibles », a affirmé le quotidien iranien Kayhan. Les Houthis ont eux aussi menacé Israël d’une « riposte militaire ».
Entretemps, le cycle de violences quotidiennes se poursuit à la frontière israélo-libanaise. Le Hezbollah a annoncé la mort de deux de ses combattants dans des frappes israéliennes dans le sud du Liban. Et le soir du 3 août, le Hezbollah a affirmé avoir lancé des « dizaines » de roquettes sur le nord d’Israël, en « solidarité » avec les Palestiniens de Gaza et en riposte aux attaques israéliennes sur le sud du Liban.
« La Résistance islamique a ajouté la nouvelle colonie de Beit Hillel [nord] à sa liste de cibles et l’a bombardée pour la première fois avec des dizaines de roquettes », a indiqué le mouvement pro-iranien dans un communiqué. L’armée israélienne a de son côté assuré que « 30 projectiles ont été identifiés en provenance du Liban » dans la nuit du 3 au 4 août, « la plupart d’entre eux ayant été interceptés ». « Aucun blessé n’est à déplorer », selon les forces armées, qui précisent avoir « frappé » le site du Hezbollah d’où avaient été tirés les missiles, dans le sud du Liban.
Signe de l’inquiétude croissante, plusieurs compagnies aériennes ont suspendu leurs liaisons avec l’aéroport de Beyrouth, dont l’allemande Lufthansa jusqu’au 12 août. Air France et Transavia ont prolongé cette mesure jusqu’au 6 août inclus, et Kuwait Airways va interrompre ses rotations dès le 5 août. « J’ai très très peur, je vais me préparer à partir. J’ai peur de ne pas pouvoir quitter ce pays et de mourir ici », déclare à Beyrouth Yana Abdelrida, une étudiante de 23 ans.
Dix mois de guerre à Gaza
Près de dix mois après le début de la guerre à Gaza, l’armée israélienne y poursuit son offensive. Selon la Défense civile, une frappe israélienne sur un complexe scolaire abritant des déplacés a fait dix morts à Gaza-ville, dans le nord du territoire palestinien assiégé, ravagé et menacé de famine selon l’ONU. L’armée a affirmé que le complexe servait de cachette au Hamas, organisation qui a pris en 2007 le pouvoir à Gaza et est considérée comme terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne.
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L’attaque du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël a entraîné la mort de 1 197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes. Sur 251 personnes alors enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l’armée. L’offensive israélienne à Gaza a fait jusqu’à présent 39 550 morts, d’après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants morts.
En Israël, des milliers de personnes ont manifesté à Tel-Aviv et dans d’autres villes pour appeler Benyamin Netanyahu à accepter un accord qui permettrait la libération des otages.
(avec AFP)
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