Absentéisme des fonctionnaires au Cameroun : à qui la faute ?

Le gouvernement camerounais entend résoudre le fléau de l’absentéisme de ses fonctionnaires en révoquant tout agent public absent de son poste pendant plus de trente jours. L’opposition suggère plutôt d’augmenter les salaires…

 © Damien Glez

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Publié le 6 août 2024 Lecture : 2 minutes.

8 766 : c’est le nombre d’absences irrégulières signalées au Cameroun dans la fonction publique depuis le début de l’année. Et 7 133 de ces cas n’auraient pas été justifiés. Si le fléau est ancien, l’actuel Premier ministre, Joseph Dion Ngute, entend l’éradiquer en révoquant les agents publics indélicats qui auraient été absents de leur poste sans justification pendant plus de trente jours.

Le réveil de Joseph Dion Ngute fait suite à un conseil de cabinet datant du 25 juillet, entièrement consacré au problème de l’absentéisme. Chaque Camerounais sait que le travail sporadique de certains fonctionnaires contribue à plomber les services publics, à ralentir les procédures administratives et, in fine, à handicaper les performances économiques de la fonction publique. Le gouvernement souhaiterait donc prendre le taureau de l’absentéisme par les cornes. Vœu pieux ?

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Pas assez de travail ou pas assez de salaire ?

Pour nombre d’observateurs, notamment issus de l’opposition politique, les causes du problème ne seraient pas liées à une présumée fainéantise. Le Camerounais absent de son poste serait bien souvent en train de chercher ailleurs la maigre pitance que ne lui garantit censément pas son salaire de fonctionnaire. Le personnel de l’État dénonce ainsi ce qu’il considère comme une précarité salariale, en plus de déplorables conditions de travail.

Les opposants politiques insistent sur une tendance qui inspire le découragement. Ils convoquent le passé en rappelant que les salaires des fonctionnaires ont été divisés par trois en 1993, période de forts déséquilibres macroéconomiques. Or les évolutions salariales qui ont suivi sont jugées bien plus timides que le taux de croissance national ou le niveau de l’inflation…

Le Cameroun n’est pas le seul à être confronté aux défaillances des agents de la fonction publique en matière d’horaires de travail. En janvier, le ministre malien du Travail et de la Fonction publique, Fassoum Coulibaly, haussait le ton contre les carences dans les services publics, qu’il assimilait à de l’école buissonnière. À la même période au Burkina Faso, le président de transition, Ibrahim Traoré, promettait de sévir contre les fonctionnaires « paresseux » considérant la fonction publique comme une « assurance vie ».

Deux mois plus tôt, le Gabon envisageait la mise en place d’un système de pointage, à l’arrivée et à la sortie du « service », pour éradiquer l’absentéisme notoire de certains agents publics. Mais le mal est profond : comme on a pu l’observer en Guinée et au Burundi, certaines rémunérations de fonctionnaires continuent parfois d’être versées après… l’enterrement du fonctionnaire. Au Cameroun, à l’arrivée à la primature de Joseph Dion Ngute, ce sont environ 10 000 agents publics fictifs qui étaient découverts et effacés du fichier de l’État camerounais, permettant au Trésor public de réaliser une économie de 30 milliards de F CFA.

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