La Russie à la reconquête de l’Afrique

Le président russe entame mardi une tournée en Afrique, qui le conduira en Egypte, au Nigeria, en Angola et en Namibie. Dmitri Medvedev compte mettre ce voyage à profit pour étendre la présence économique russe en Afrique.

Publié le 23 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

Le président russe Dmitri Medvedev entame mardi une tournée en Afrique afin d’aider la Russie à reprendre ses marques sur un continent où l’influence de Moscou, importante durant la Guerre froide, a disparu après la chute de l’URSS.

M. Medvedev se rendra d’abord en Egypte, puis au Nigeria, en Namibie et en Angola de mercredi à vendredi avec comme objectif d’étendre la présence économique russe en Afrique.

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Avant lui, Vladimir Poutine fut le seul maître du Kremlin à se rendre en Afrique sub-saharienne, en 2006, lors d’un voyage au Maroc et en Afrique du sud.

"Si les Américains sont désormais actifs dans l’espace post-soviétique, il est naturel que nos dirigeants veuillent montrer que nous pouvons être actifs hors de cet espace", estime Apollon Davidson, un historien spécialiste de l’Afrique en Russie.

Lutte pour les réserves naturelles africaines

D’autant que durant la Guerre froide, le continent africain fut l’un des terrains où Américains et Russes se livrèrent à une lutte d’influence, notamment en Angola, et les conflits entre forces pro-occidentales et communistes furent nombreux.

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Aujourd’hui la lutte est avant tout économique, et se concentre sur les réserves naturelles africaines (pétrole, gaz, diamant, minerais et uranium) qui restent largement sous-exploitées.

Le géant gazier russe Gazprom s’est ainsi dit prêt à défier ses concurrents occidentaux en Afrique, tout en regrettant son grand retard, dû au retrait de Moscou du continent après la chute de l’URSS en 1991 et qui pourrait bien s’avérer difficile à rattraper.

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"Traditionnellement, nos relations économiques et commerciales ne sont pas très fortes, car les liens entre l’Union soviétique et l’Afrique avaient avant tout des fondements politiques et idéologiques", explique M. Davidson.

La concurrence de la Chine

Autre problème, la concurrence est désormais multiple, la Chine, notamment, ayant fait de grands progrès dans la course à certaines des richesses africaines.

"Très clairement, ce sera beaucoup plus dur que durant les années 1980, où l’on était soit dans le bloc occidental soit dans le bloc soviétique", souligne Samir Gadio, analyste à Moscou pour la banque d’investissement Renaissance Capital.

L’Egypte est le principal partenaire commercial de la Russie en Afrique, alors que les relations économiques avec l’Angola, le Nigeria et la Namibie, qui dispose notamment d’importantes mines d’uranium, sont insignifiantes, relève M. Gadio.

Mais le Nigeria pourrait attirer "un nombre croissant d’investissements directs" de Russie, si Gazprom décroche un contrat pour y construire un nouveau gazoduc, souligne l’expert.

Coentreprise entre Gazprom et Nigerian National Petroleum Corporation

Le géant gazier russe aimerait participer au projet de gazoduc transsaharien qui vise à approvisionner l’Europe en gaz nigérian, un tracé soutenu par l’Union européenne qui veut réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie.

Lors de la visite de M. Medvedev, le Nigeria et la Russie doivent signer un accord de coopération dans le domaine de l’énergie nucléaire et créer une coentreprise entre Gazprom et la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC).

"Le monde des affaires russes comprend que l’Afrique est un large marché où il y a plus d’opportunités que dans n’importe quelle autre région du monde", explique Dmitri Soutchkov, de la banque publique russe VEB.

Certaines grosses compagnies russes y sont d’ailleurs déjà présentes, le géant de l’aluminum Rusal du milliardaire Oleg Deripaska opérant au Nigeria et en Guinée, tandis que Alrosa, le monopole russe du diamant, travaille en Angola.

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