Eliud Kipchoge : dix choses à savoir sur la star kényane du marathon
Le Kényan Eliud Kipchoge prendra, le 10 août, le départ du marathon aux JO de Paris, une épreuve qu’il a déjà remportée lors des olympiades de 2016 à Rio de Janeiro et des Jeux de 2021 à Tokyo. À presque 40 ans, il vise une troisième médaille d’or.
Le marathon n’est pas seulement une des épreuves reines des Jeux olympiques. Il en est aussi l’une des plus éprouvantes. Et dans cette catégorie, le Kényan Eliud Kipchoge a prouvé, à maintes reprises, qu’il était l’un des rois. Champion olympique pour la première fois en 2016 à Rio, alors qu’il filait sur ses 31 ans, il avait récidivé cinq ans plus tard à Tokyo. Malgré le poids des années, l’ancien gamin du Rift ne fait pas mystère de son ambition, quasi obsessionnelle : il veut remporter une troisième médaille d’or avant, probablement, de tirer sa révérence.
1. Né dans la vallée du Rift
Eliud Kipchoge est né le 5 novembre 1984 à Kapsisiywa, un village de la province de la vallée du Rift au Kenya, un endroit où courir est presque aussi naturel que de respirer. « Ici, on a l’habitude de courir pour aller à l’école, pour aller dans les magasins », a plusieurs fois répété l’athlète. Le Rift, s’il est surtout connu pour être un gros producteur de thé, a aussi vu naître de nombreuses et de nombreux spécialistes des courses de fond. La région est d’ailleurs très prisée par de nombreux athlètes de tous les continents qui viennent s’y entraîner.
2. Orphelin de père
Il est le dernier enfant d’une fratrie de quatre. Sa mère, institutrice, est devenue veuve alors que son plus jeune fils n’était encore qu’un nourrisson. Eliud Kipchoge n’a connu son père que quelques mois. Seules les rares photos conservées au domicile familial lui ont permis de créer un lien avec ce père trop tôt disparu.
3. Patrick Sang, une rencontre décisive
En 2001, alors qu’il n’est âgé que de 16 ans, Kipchoge croise la route de Patrick Sang, médaillé d’argent lors des Jeux olympiques de Barcelone en 1992 et des Championnats du monde 1991 et 1993. Les deux athlètes se rencontrent en marge d’une course locale à laquelle participait le jeune kényan. Originaire du même village que son cadet, Patrick Sang souhaite alors se tourner vers une carrière d’entraîneur et est en quête de jeunes poulains à accompagner. Kipchoge lui demande un programme d’entraînement précis, afin de se perfectionner. Ce sera le début d’une longue et fructueuse collaboration.
4. Méthodes musclées
Eliud Kipchoge, conscient de son potentiel, parvient, grâce à l’entregent de Patrick Sang, à intégrer un centre de formation situé à Kaptagat, dans la vallée du Rift. L’école d’athlétisme a été fondée par le Néerlandais Jos Hermens, un ancien spécialiste des courses de fond. Et les méthodes qui y sont pratiquées sont pour le moins radicales. Kipchoge court pas moins de 180 kilomètres par semaine, et occupe son rare temps libre à dormir et à lire. Une vie d’ascète que le père de famille continue, depuis, de mener.
5. Champion précoce
Le programme spartiate imposé par le centre de Jos Hermens donne rapidement des résultats. En 2003, il remporte le titre de champion du monde de cross junior à Lausanne, puis brille lors de plusieurs meetings en Europe. Au mois d’août de la même année, à seulement 18 ans, il devient champion du monde du 5 000 mètres à Paris. Non content de son exploit, il remporte quelques jours plus tard la finale mondiale, à Monaco, sur la même distance. Cette fois, le phénomène Kipchoge est lancé.
6. Athènes, premiers JO, première médaille
En 2004, c’est dans la fournaise d’Athènes qu’Eliud Kipchoge dispute ses premiers Jeux olympiques. Et il ne manque pas de se faire remarquer. Sur 5 000 mètres, il s’octroie la médaille de bronze à l’issue d’une course remportée par le Marocain Hicham El Guerrouj, juste devant l’Éthiopien Kenenisa Bekele, qui remporta le 10 000 mètres quelques jours plus tard. En 2008, à Pékin, Kipchoge bataille dur, mais doit finalement se contenter de l’argent, laissant l’or à Bekele sur les 5 000 mètres.
7. 2012 : le grand virage
En 2012, c’est la chute : le Kényan ne parvient pas à se qualifier pour les JO de Londres. Cette année-là, l’athlète décide de faire prendre un virage radical à sa carrière, en choisissant de courir sur route, en marathon et demi-marathon, en prévision des JO de Rio de Janeiro. Une bifurcation qui s’avère très rapidement payante. De Barcelone à Hambourg, en passant par Rotterdam, Chicago, Berlin ou encore Londres, Kipchoge empile les victoires et impressionne tous les observateurs.
8. L’or de Rio
Le bronze et l’argent, c’est bien. Mais l’or, c’est mieux. En 2016, lors des JO de Rio, Eliud Kipchoge remporte son premier titre olympique en bouclant le marathon en 2 h 8 min 44 s. Ce n’est pas son meilleur temps, mais qu’importe : le Kényan impose son rythme sur la course mythique des Jeux. La suite le confirme. Kipchoge gagne presque tout, et le report de 2020 à 2021 des JO de Tokyo, en raison de l’épidémie de Covid-19, ne le perturbe pas plus que ça. Le 8 août, à Sapporo, dans le nord du Japon, il remporte son second titre olympique.
9. Athlète engagé
On ne sait pas exactement à combien se chiffre la fortune personnelle du coureur kényan, mais on le sait désormais millionnaire. Kipchoge a réalisé plusieurs investissements, notamment dans l’immobilier au Kenya. Il a également créé sa fondation, qui porte son nom, par le biais de laquelle il finance, entre autres, des jardins d’enfants, des bibliothèques et diverses actions destinées à la protection de l’environnement. Il a également mis sa notoriété au service de l’Unesco, dont la directrice générale, Audrey Auzoulay, l’a nommé ambassadeur de bonne volonté pour l’intégrité et les valeurs sportives en octobre 2023.
10. Menaces et cyberharcèlement
Le 11 février dernier, le Kényan Kelvin Kiptum, nouveau recordman du monde du marathon, trouve la mort dans un accident de voiture à Kaptagat, au Kenya, où il vivait et s’entraînait. L’athlète était présenté comme le principal adversaire potentiel de Kipchoge lors des JO de Paris. Un statut qui a suffi à allumer le feu des rumeurs sur les réseaux sociaux. Des internautes accusent alors Kipchoge, sans évidemment avancer la moindre preuve, d’avoir une part de responsabilité dans l’accident dont a été victime son jeune compatriote.
Le témoignage de la passagère, qui a survécu au drame et qui affirme que Kelvin Kiptum s’est endormi au volant n’y font rien : le double médaillé olympique est la cible de milliers de messages dans lesquels se mêlent insultes et menaces visant sa propre personne, mais aussi sa famille. Une campagne de cyberharcèlement qui a sans aucun doute pesé sur la préparation de Kipchoge en vue des Jeux olympiques.
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