L’Afrique australe étudie la crise de Madagascar
Un sommet extraordinaire de chefs d’Etat d’Afrique australe consacré à la crise politique à Madagascar s’est ouvert samedi à Johannesburg, où le président évincé Marc Ravalomanana doit s’exprimer quatre jours après la suspension de négociations entre les différents camps.
Un sommet extraordinaire de chefs d’Etat d’Afrique australe consacré à la crise politique malgache s’est ouvert à Johannesburg, en afrique du Sud.
Le président évincé Marc Ravalomanana doit s’y exprimer, quatre jours après la suspension de négociations avec son tombeur, Andry Rajoleina.
Marc Ravalomanana, qui vit en exil en Afrique du Sud, "s’adressera aux dirigeants (présents au sommet) lors d’une session à huis clos", a déclaré la porte-parole du ministère sud-africain des Affaires étrangères, Nomfanelo Kota.
Son rival, le nouvel homme fort de Madagascar, Andry Rajoelina, n’était pas présent à ce sommet de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) auxquels participaient au moins cinq chefs d’Etat de la région.Aucun des deux hommes n’a été invité officiellement à y participer.
Avant l’ouverture officielle de cette réunion, Marc Ravalomanana s’est entretenu avec plusieurs participants, dont le chef de l’Etat tanzanien Jakaya Kikwete, a-t-on appris dans l’entourage du président évincé.
Intervention armée ?
Selon un observateur ayant requis l’anonymat, Marc Ravalomanana "est là pour faire campagne pour une solution militaire" auprès de la SADC, qui a suspendu Madagascar de ces instances à la suite de son départ forcé en mars. Le 10 juin, il avait estimé que "toutes les options, y compris militaires, devaient être étudiées".
La SADC, actuellement présidée par l’Afrique du Sud, souhaite le retour du président évincé et l’organisation d’élections.
Samedi, à l’ouverture du sommet, le président sud-africain Jacob Zuma a insisté sur la nécessité de trouver une solution politique à la crise qui secoue Madagascar depuis plusieurs mois. "Nous pensons qu’on parviendra à la paix si toutes les parties impliquées dans le conflit sont engagées dans le processus" politique, a-t-il déclaré.
"Une solution à Madagascar devrait se dessiner à partir des principes constitutionnels et démocratiques", a-t-il estimé devant ses homologues zimbabwéen Robert Mugabe, namibien Hifikepunye Pohamba et tanzanien Jakaya Kikwete, ainsi que le roi du Swaziland Mswati III.
Echec des négociations
Le sommet de la SADC intervient quatre jours après la suspension de négociations auxquelles participent notamment des représentants de MM. Rajoelina et Ravalomanana.
Ces pourparlers, menés sous l’égide de l’Union africaine (UA), des Nations unies et de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), visent à trouver un accord sur une "charte de transition".
Mais ils ont achoppé notamment sur la question de l’amnistie des condamnations à caractère politique et sur le sort du président évincé, qui a été condamné le 3 juin à quatre ans de prison pour "conflits d’intérêts" dans l’achat d’un avion présidentiel.
Aucun calendrier de reprise des négociations n’a été avancé.
Vers une solution "négociée"
L’émissaire de l’ONU à Madagascar, Tiébilé Dramé, qui ne participe pas au sommet de la SADC mais se trouve actuellement à Johannesburg, s’est lui aussi prononcé pour une solution négociée.
C’est "la seule qui tienne la route", a-t-il déclaré. "On souhaite que la SADC invite Ravalomanana à coopérer plus activement avec le processus politique", a-t-il ajouté, après avoir rencontré le président évincé.
Lâché par l’armée, Marc Ravalomanana, au pouvoir depuis 2002, a remis ses pouvoirs le 17 mars à un directoire militaire, qui les a immédiatement transférés à Andry Rajoelina.
Le départ de Marc Ravalomanana est intervenu après trois mois de crise, au cours desquels une centaine de Malgaches ont été tués.
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