En Tunisie, Kaïs Saïed limoge son Premier ministre sans explications

Le Premier ministre Ahmed Hachani a été limogé et remplacé par le ministre des Affaires sociales Kamel Madouri, ont annoncé mercredi soir les services du président Kaïs Saïed.

Le président tunisien Kaïs Saïed, lors d’une vsite en Chine, au Grand Hall du Peuple, à Pékin, le 31 mai 2024. © TINGSHU WANG / POOL / AFP

Le président tunisien Kaïs Saïed, lors d’une vsite en Chine, au Grand Hall du Peuple, à Pékin, le 31 mai 2024. © TINGSHU WANG / POOL / AFP

Publié le 8 août 2024 Lecture : 3 minutes.

Le désormais ex-Premier ministre Hachani avait publié dans la journée deux vidéos faisant le point, notamment, sur des mesures prises face à la pénurie d’eau et la situation difficile des transports publics.

Ahmed Hachani avait lui-même succédé le 1er août 2023 à Najla Bouden, elle aussi remerciée sans justifications officielles par le président Kaïs Saïed, qui accapare tous les pouvoirs en Tunisie depuis son coup de force du 25 juillet 2021 et est accusé de dérive autoritaire par ses détracteurs.

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Kamel Madouri, un technocrate ancien président de la Caisse nationale d’assurance maladie, avait pris ses fonctions en mai dernier en remplacement de Malek Zahi, limogé en même temps que le ministre de l’Intérieur Kamel Feki, auquel avait succédé Khaled Nouri.

Opposants empêchés

Élu démocratiquement en octobre 2019, Kaïs Saïed s’est octroyé les pleins pouvoirs il y a trois ans, limogeant son Premier ministre de l’époque et suspendant le Parlement, par la suite dissous. Après avoir révisé en 2022 la Constitution pour instaurer un régime hyperprésidentialiste et fait élire un nouveau Parlement aux pouvoirs très limités, il a annoncé lundi briguer un deuxième mandat lors de la présidentielle qui aura lieu en Tunisie le 6 octobre.

Plusieurs de ses rivaux potentiels ont affirmé avoir été empêchés de déposer leurs dossiers auprès de l’autorité électorale, à cause de problèmes administratifs et juridiques.

L’homme des médias Nizar Chaari, dont des collaborateurs ont été arrêtés la semaine passée pour des soupçons d’achat de parrainages, et l’amiral à la retraite Kamel Akrout, ont renoncé cette semaine à se présenter, faute d’avoir pu obtenir leur extrait de casier judiciaire.

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Le rappeur milliardaire Karim Gharbi alias K2Rhym qui avait annoncé vouloir candidater, fait l’objet d’une enquête ouverte pour des achats de parrainages présumés après l’interpellation de quatre femmes travaillant à sa collecte de signatures, ont indiqué mercredi des sources judiciaires aux médias locaux.

L’une des figures de l’opposition, Abir Moussi, 49 ans, emprisonnée depuis octobre 2023 pour diverses accusations dont celle de complot contre l’Etat, a déposé sa candidature via ses avocats samedi, mais elle a été condamnée lundi soir à deux ans de prison en vertu d’un décret sur la diffusion de fausses nouvelles.

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Si la peine est confirmée en appel ou si d’autres procédures arrivent à leur terme, la cheffe du Parti destourien libre (PDL), qui se revendique des héritages des autocrates Bourguiba et Ben Ali, sera officiellement exclue de la course, les candidats étant tenus d’avoir un casier vierge.

« Recul extrême des droits »

Fin juillet, après une visite de quatre jours et des rencontres avec des acteurs de la société civile, la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, s’est dite « alarmée du recul extrême des droits » dans le pays berceau du Printemps arabe.

En ce début de campagne, elle a « observé une répression gouvernementale alimentant la peur au lieu des débats animés d’une scène politique pluraliste », dénonçant les « détentions arbitraires » d’opposants, les « restrictions et poursuites » contre certains candidats et l’emprisonnement de journalistes.

En présentant sa candidature, Kaïs Saïed a balayé les voix critiques, affirmant que « la loi s’applique à tout le monde de manière égale » et niant toute restriction.

Depuis février 2023, une vingtaine de politiciens de premier plan, des hommes d’affaires et d’anciens ministres affiliés à l’opposition sont détenus dans le cadre d’une vaste enquête sur un complot présumé contre le président Saied qui les a qualifiés de « terroristes ».

(Avec AFP)

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