Comores : au nom du père et du fils

Par décret, le président de l’archipel de l’océan Indien vient d’accorder d’importants pouvoirs exécutifs à son fils récemment nommé secrétaire général du gouvernement. Azali Assoumani prépare-il une succession familiale ?

© Damien Glez

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Publié le 8 août 2024 Lecture : 2 minutes.

Aux Comores, un décret publié ce 6 août établit que tous les décrets pris par les ministres et les gouverneurs des trois îles devront désormais être approuvés par le secrétaire général du gouvernement avant d’être officiellement publiés et promulgués. La mesure, qui consacre le rôle de coordinateur des affaires gouvernementales, passerait inaperçue si l’on éludait le fait que la Constitution fait de facto du président le chef du gouvernement et que le nouveau secrétaire général du même gouvernement est son… fils aîné, nommé au mois de juillet.

Pour les opposants à Azali Assoumani et Nour El Fath Azali, la presque concomitance des deux événements politiques constitue un signe de plus de la mainmise familiale sur le régime du petit archipel de l’océan Indien, ses trois îles et ses 850 000 habitants. Titulaire d’un MBA en finance internationale obtenu aux États-Unis, le fils est déjà conseiller privé du père depuis 2019.

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« Coup K.O. »

Si les détracteurs évoquent des pratiques népotiques à caractère « monarchique », les trois îles sont officiellement régies par des procédures démocratiques, dont l’élection phare s’est tenue il y a peu. Ancien colonel arrivé au pouvoir par un coup d’État, en 1999, Azali Assoumani a été réélu président de l’Union des Comores le 14 janvier dernier, avec 62,97 % des suffrages exprimés, et ceci dès le premier tour, selon la commission électorale et conformément au slogan de campagne « coup K.O. »

Le scrutin avait suscité des accusations de fraude de la part de l’opposition et des manifestations ayant dégénéré en affrontements. Bourrage d’urnes ou pas, les méthodes d’Assoumani sont parfois jugées autocratiques, entre modification de la Constitution et arrestations d’opposants. Les pouvoirs accrus accordés à son fils présagent-ils d’une dérive illibérale ?

Course de relais familial

À l’échelle du continent, plusieurs « fils de » se fraient un chemin sous les arcanes du pouvoir. Le Togolais Faure Essozimna Gnassingbé et le Tchadien Mahamat Idriss Déby Itno sont toujours installés sur le fauteuil de leur père, tandis que le Gabonais Ali Bongo Ondimba et le Congolais Joseph Kabila ont dû y renoncer, de façon plus ou moins brutale. D’autres se prépareraient à être le second président de leur famille, en transmission de relais, comme le Camerounais Franck Biya, ou quelques années après la retraite de leur paternel, comme le Sénégalais Karim Wade.

Le caractère fantasque de certains rejetons ne semble pas encore compromettre définitivement leur avenir présidentiel, à l’image de l’Équato-guinéen Teodorin Nguema Obiang et de l’Ougandais Muhoozi Kainerugaba Museveni… Âgé seulement de 65 ans, Azali Assoumani a-t-il déjà en tête une transmission du pouvoir à son fils de 40 ans ?

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