Est de la RDC : Corneille Nangaa et ses alliés du M23 condamnés à mort pour « crimes de guerre »
L’ancien président de la commission électorale, aujourd’hui à la tête de l’Alliance Fleuve Congo, une plateforme politico-militaire dont le M23 fait partie, a été condamné à la peine capitale, à Kinshasa, lors d’un procès auquel ni lui ni la majorité des prévenus n’ont assisté.
Deux semaines après l’ouverture du procès de Corneille Nangaa et de ses alliés du M23, la sentence est tombée. Depuis le 24 juillet, vingt-six personnes étaient jugées pour « crimes de guerre », « participation à un mouvement insurrectionnel » et « trahison ». Seuls cinq accusés étaient présents au tribunal, qui siégeait à la prison militaire de Ndolo, à Kinshasa. Les autres, dont Corneille Nangaa, chef de file de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), et les principaux leaders du M23, considérés comme « en fuite », ont été jugés in absentia.
Le 29 juillet, le procureur avait requis la peine de mort contre l’ex-président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et contre la plupart de ses co-accusés.
« Liens avec le Rwanda »
Le verdict a été rendu le 8 août, en présence de Constant Mutamba, le ministre de la Justice. Corneille Nangaa et les principaux leaders du M23 ont été reconnus coupables et condamnés à mort. La justice militaire a également ordonné « l’arrestation immédiate » de Nangaa et la « confiscation de ses biens ».
Dans son jugement, le président de la cour militaire a accusé ce dernier d’entretenir « des liens avec une puissance étrangère, le Rwanda, et avec ses agents, pour entreprendre des hostilités contre la RDC » et d’avoir « porté atteinte à l’intégrité territoriale de la RDC ». Selon la justice congolaise, l’ex-président de la Ceni n’a pas pris « les mesures nécessaires » pour empêcher les combattants du M23 placés sous sa direction de commettre leurs actes de violence.
Bertrand Bisimwa, le président de la branche politique du M23, et Sultani Makenga, le commandant militaire du mouvement, ont eux aussi été condamnés pour « crimes de guerre ». Ils ont été reconnus coupables « d’enrôlement d’enfants mineurs » et « d’homicide volontaire ». Dix-sept autres prévenus, dont le major Willy Ngoma, porte-parole militaire des rebelles, ou encore l’ancien député Jean-Jacques Mamba, ont été condamnés pour le même motif.
Les cinq prévenus qui étaient en détention ont, quant à eux, été condamnés à la peine de mort pour « trahison » et « participation à un mouvement insurrectionnel ». Parmi eux figure Éric Nkuba, le « conseiller politique et stratégique » de Corneille Nangaa. Il s’était affiché à ses côtés lors de l’annonce de la fondation de l’AFC, en décembre 2023, à Nairobi, puis arrêté en Tanzanie un mois plus tard. Devant les services de renseignement militaire congolais il avait ensuite cité les noms de plusieurs soutiens présumés de l’AFC, dont celui de l’ex-président Joseph Kabila, que Félix Tshisekedi a récemment accusé de préparer une insurrection.
Logés par Muhoozi Kainerugaba
Ce verdict intervient alors que les rebelles et leurs alliés de l’armée rwandaise ont, ces derniers jours, pris le contrôle de plusieurs localités dans le Nord-Kivu, malgré l’entrée en vigueur d’un nouveau cessez-le-feu le 4 août.
Pendant deux semaines, les prévenus présents au tribunal ont livré quelques informations sur le fonctionnement du M23. Éric Nkuba a notamment expliqué que, après la création de l’AFC, lui et Corneille Nangaa s’étaient rendus en Ouganda, où ils avaient été logés dans des appartements appartenant à Muhoozi Kainerugaba, fils du président Yoweri Museveni et, par ailleurs, chef de l’armée ougandaise.
Un autre prévenu a affirmé avoir rencontré Corneille Nangaa à Kigali à plusieurs reprises lors de réunions de planification d’opérations de l’AFC. « Je ne reconnais pas les institutions de Kinshasa, et ce qu’ils font là-bas ne m’engage pas », a réagi l’ancien président de la Ceni, contacté par Jeune Afrique. Le 25 juillet, il a été placé sous sanctions par le Trésor américain et, le lendemain, par l’Union européenne, qui a également ciblé sa plateforme politico-militaire.
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