Journée de deuil sur fond de mobilisation en Iran

Les partisans de Mir Hossein Moussavi ne quittent plus la rue, où les manifestations interdites se multiplient. Ce jeudi, ils se réuniront en hommage aux victimes tuées dans les émeutes. Le régime de Téhéran, lui, continue de réagir par la force, et a accusé l’Occident d’encourager l’opposition.

Publié le 18 juin 2009 Lecture : 3 minutes.

L’opposition iranienne menée par Mir Hossein Moussavi devait continuer à défier le pouvoir jeudi à Téhéran et à travers le pays avec des manifestations en signe de deuil après la mort d’au moins sept manifestants lundi dans la capitale.

Mir Hossein Moussavi a appelé à une journée de deuil pour les sept civils morts lundi dans des heurts entre manifestants et miliciens islamistes. Il a engagé le peuple iranien à se rassembler dans les mosquées ou dans des marches silencieuses pour l’occasion.

la suite après cette publicité

Jeudi, un premier rassemblement est prévu à 14H00 locales (09H30 GMT) devant les bureaux des Nations unies, et un deuxième à 16H00 sur la place de l’Imam, non loin du grand bazar, dans le sud de la ville, selon des participants à la marche de mercredi.

Recomptage ou nouvelles élections ?

La République islamique est confrontée à la plus importante contestation populaire en 30 ans d’existence.

Mir Hossein Moussavi a déposé avec les deux autres candidats laminés à la présidentielle, Mehdi Karoubi et Mohsen Rezaï, une contestation des résultats. Le Conseil des gardiens de la constitution, chargé par le guide suprême l’ayatollah Ali Khamenei d’examiner les plaintes, a fait savoir qu’il entendrait les trois protestataires samedi.

la suite après cette publicité

Le Conseil doit rendre au plus tard dimanche un avis sur un nouveau décompte. Mais dans un communiqué mercredi, Mir Hossein Moussavi a réitéré son appel à de nouvelles élections.

"Nous souhaitons calmement protester contre la manière malsaine dont a été tenue l’élection, avec comme objectif de la faire annuler pour que soit organisé un nouveau scrutin qui garantisse que cette fraude honteuse ne se reproduira pas", a-t-il dit.

la suite après cette publicité

Divisions à la tête du pays

Le défi au pouvoir que représente le mouvement commence à lézarder l’unité de façade du système.

Le grand ayatollah Abdolkarim Moussavi Ardabili a demandé mercredi "aux responsables concernés" de traiter les contestations des candidats "de manière impartiale" et de parvenir à "un verdict convaincant".

C’est le quatrième responsable religieux de ce rang, le plus élevé dans le clergé chiite iranien, à lancer un tel appel depuis samedi.

Jeudi, c’est Habibollah Asgharoladi, le secrétaire général des Fidèles de la ligne de l’imam, le principal rassemblement de partis conservateurs, qui a critiqué des propos de Mahmoud Ahmadinejad sur les manifestants.

"Ceux qui traitent les autres de ‘grains de poussière’ ont renoncé à se soumettre à Dieu", a dit Habibollah Asgharoladi, cité par des journaux jeudi.

Les interpellations se multiplient

La presse a aussi rapporté des "querelles verbales et des attaques physiques" entre députés conservateurs mercredi lors d’une session à huis clos du Parlement. La session était consacrée au mouvement de contestation à travers le pays et aux affrontements avec les manifestants.

Ne lâchant pas la pression, le pouvoir a de son côté multiplié les interpellations d’opposants, y compris en province où des manifestations ont eu lieu, comme à Mashhad (nord-est) et Tabriz (nord-ouest).

Dans une lettre au chef de la justice, Mir Hossein Moussavi et l’ancien président réformateur, Mohammad Khatami, ont demandé la libération des personnes arrêtées ces derniers jours.

Téhéran a également accusé des médias occidentaux non identifiés d’être les "porte-parole" des "émeutiers".

Les Etats-Unis restent fermes

Le président américain Barack Obama continuera d’exprimer ses préoccupations sur la présidentielle iranienne sans s’immiscer dans les affaires de la République islamique, a dit la Maison Blanche mercredi après que Téhéran eut dénoncé les ingérences des Etats-Unis.

La Maison Blanche a aussi persisté à se projeter au-delà de la protestation actuelle en Iran, et a réaffirmé l’intention de Barack Obama d’engager un dialogue ferme mais direct avec les dirigeants iraniens, en rupture avec l’intransigeance observée par son prédécesseur George W. Bush.

Elle a défendu le point de vue exprimé clairement la veille par Barack Obama selon lequel le nom du président iranien importait peu parce que le décideur ultime, c’était le Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei.

"Le président a fermement déclaré qu’il existait des principes universels, comme le droit de manifester en paix sans se sentir menacé. Le président continuera à exprimer ces préoccupations en faisant en sorte de ne pas se mêler" des affaires intérieures iraniennes, a dit le porte-parole de Barack Obama,

Robert Gibbs. Barack Obama a dit mardi avoir de "profondes inquiétudes" concernant la présidentielle iranienne du 12 juin, tout en estimant qu’il ne serait "pas productif" pour les Etats-Unis de se mêler de la politique intérieure iranienne.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Facebook et Twitter contre Ahmadinejad

Vent de révolte en Iran

Tous contre Ahmadinejad

Iran : Moussavi hyperbranché

Contenus partenaires