Miss Afrique du Sud : une candidate pas assez sud-africaine ?

Harcelée sur la validité de sa nationalité, Chidimma Adetshina a renoncé à être finaliste du concours Miss Afrique du Sud. Ses soutiens dénoncent des relents de polémique xénophobe.

© Damien Glez

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Publié le 9 août 2024 Lecture : 2 minutes.

Déjà désuets, les concours de miss semblent aujourd’hui jauger moins la réalité de la beauté des jeunes femmes de telle nationalité que la réalité de la nationalité desdites jolies filles. En juillet dernier, la dénommée Chidimma Adetshina se qualifiait pour la finale de la compétition nationale sud-africaine de beauté qui doit se tenir le 10 août à Pretoria. Mais l’étudiante en droit de 23 ans a dû jeter l’éponge. C’est sur le réseau Instagram qu’elle vient d’annoncer « la décision difficile » de se retirer de la compétition, « après une réflexion approfondie » et « pour le bien et la sécurité » d’elle-même et de sa famille. Une vive polémique était née, autour de la confirmation de ses origines…

Chidimma Adetshina est bien née à Soweto, elle a été élevée au Cap et nombre d’observateurs défendent l’idée que le droit du sol valide légitimement sa citoyenneté sud-africaine. Dès le début de la participation de la jeune femme aux éliminatoires du concours Miss Afrique du Sud, des observateurs grognons ont pourtant pointé du doigt les origines nigérianes de son père et, en partie, mozambicaines de sa mère…

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Fraude à la nationalité ?

Côté anonymes, l’affaire a fait bouillonner les réseaux sociaux et suscité le lancement d’une pétition pour demander le retrait de Chidimma Adetshina du concours. À l’inverse, des partis politiques comme les Economic Freedom Fighters (EFF) ou des structures de la société civile comme l’Association des citoyens nigérians d’Afrique du Sud (Nicasa) ont présenté la candidate comme une ambassadrice de l’inclusion.

La polémique virale devenue tollé conduira les organisateurs de la compétition à réclamer l’ouverture d’une enquête sur la citoyenneté de la jeune femme. Le gouvernement descendra dans l’arène, le ministre de l’Intérieur, Leon Schreiber, finissant par dévoiler que la mère de Chidimma Adetshina pourrait avoir usurpé l’identité d’une Sud-Africaine il y a 23 ans. Les groupies de la candidate répondront que celle-ci étant bébé au moment de la présumée fraude, elle ne saurait en être pénalisée aujourd’hui. Des conseils juridiques devaient se pencher sur ce cas d’école, au moment où la jeune femme a décidé de se retirer de la compétition…

Buzz people ou abcès identitaire ?

S’agit-il d’une tempête dérisoire dans un verre d’eau kitsch ? L’intensité du débat pourrait dévoiler plus que de la fascination pour un buzz people. En filigrane, les observateurs y lisent les tensions xénophobes qui existent toujours, en Afrique du Sud, autour des questions d’identité, de migration et d’intégration.

Ceux qui affirment que la descendante d’un Nigérian et d’une Mozambicaine ne saurait représenter l’Afrique du Sud au concours national de beauté n’oublient-ils pas les origines indiennes de Bryoni Govender, Miss Univers Afrique du Sud 2023 et Miss Supranational Afrique du Sud 2024 ?

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