Le Mali expulse l’ambassadrice de Suède

La junte d’Assimi Goïta a ordonné, ce 9 août, à la diplomate suédoise, Kristina Kühnel, de quitter le territoire sous 72 heures, à la suite d’une « déclaration erronée et hostile » d’un ministre suédois sur le soutien du Mali à la Russie.

Assimi Goïta, le 17 avril 2024. © Facebook Présidence du Mali

Assimi Goïta, le 17 avril 2024. © Facebook Présidence du Mali

Publié le 10 août 2024 Lecture : 3 minutes.

L’ambassadrice de Suède au Mali, Kristina Kühnel, a été « convoquée » le 9 août au ministère des Affaires étrangères « pour lui notifier la décision de quitter le territoire national dans un délai de 72 heures », annonce un communiqué du gouvernement malien. Cette mesure fait suite à « la déclaration erronée et hostile sur les réseaux sociaux de Monsieur Johan Forssell, ministre suédois de la Coopération internationale au développement et du Commerce extérieur », indique le communiqué.

« On ne peut pas soutenir la guerre d’agression illégale de la Russie contre l’Ukraine tout en recevant plusieurs centaines de millions de couronnes chaque année en aide au développement. Le gouvernement a donc décidé de progressivement mettre fin à la stratégie d’aide bilatérale de la Suède au Mali en 2024″, avait écrit Johan Forssell sur X le 7 août.

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La junte d’Assimi Goïta considère qu’il s’agit d’une « provocation de plus d’une autorité suédoise après les décisions brutales de mettre fin à sa coopération bilatérale et de fermer son ambassade à Bamako, respectivement le 21 décembre 2023 et le 20 juin 2024, sans regret pour la partie malienne ». Le gouvernement suédois avait annoncé préalablement la fermeture de son ambassade à Bamako d’ici à la fin de l’année 2024, et annoncé l’ouverture d’une nouvelle ambassade à Dakar, au Sénégal, en 2025.

« Terrorisme international »

Bamako « condamne fermement les déclarations méprisantes » de Johan Forssell, qui « tente désespérément de disculper les autorités ukrainiennes, soutien du terrorisme international », dans le communiqué. Le Mali a affirmé que Kiev avait fourni des renseignements aux troupes rebelles qui les auraient ensuite utilisés pour tuer des dizaines de membres de l’ex-groupe paramilitaire Wagner et des soldats maliens le mois dernier.

En outre, le ministre suédois est, selon Bamako, « incapable d’avoir la moindre compassion pour le Mali et les victimes de cette agression ukrainienne », dit le communiqué. Or, pour la junte, « la vie de ses vaillants soldats et la sécurité de la Nation ont une valeur inestimable, bien au-delà de toute aide au développement ».

Le gouvernement malien dit « être habitué à cette attitude condescendante de certains pays occidentaux ». Celle-ci se manifeste, selon lui, « régulièrement par une remise en cause des décisions souveraines prises pour lutter efficacement contre les groupes armés terroristes et leurs sponsors étatiques étrangers », indique le communiqué.

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« Partenariat stratégique » avec Moscou

Il constate que « le choix de partenariat stratégique » avec la Russie « produit les résultats escomptés » et précise que Bamako « entend le renforcer davantage » pour la paix et la sécurité au Mali.

La stratégie actuelle de coopération au développement de la Suède avec le Mali est financée à hauteur de 190 millions de dollars pour la période 2021-2025, selon la diplomatie suédoise.

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Interrogé après une précédente annonce, le 10 août, de la décision de Bamako donnant 72 heures à l’ambassadrice pour quitter le Mali, un diplomate suédois à Bamako a réagi sous couvert d’anonymat : « Oui, nous avons reçu la notification. Stockholm maintient ses propos. Nous rappelons qu’avant la décision, le processus de fermeture de notre ambassade était en cours et devait s’achever fin décembre 2024. »

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Le Mali et le Niger, dirigés par des régimes militaires depuis des coups d’État, respectivement en 2020 et 2023, ont annoncé la rupture de leurs relations diplomatiques avec Kiev, dénonçant un « soutien » de l’Ukraine apporté à des « groupes terroristes » sur le terrain militaire sahélien. Les deux pays se sont tournés vers la Russie et son groupe de paramilitaires, également déployé lors de l’invasion de l’Ukraine.

Ces dernières années, la Russie a intensifié ses efforts diplomatiques en Afrique, pour concurrencer les Occidentaux dans des pays qui sont traditionnellement leurs alliés. Le Mali est aussi en proie depuis 2012 aux agissements des groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation État islamique, ainsi qu’aux violences des groupes communautaires et crapuleux.

(avec AFP)

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