Au Maroc, un appel à la « libération de tous les prisonniers d’opinion »
Trois journalistes marocains, récemment sortis de prison à la faveur d’une grâce royale, ont exprimé leur souhait d’une « nouvelle phase » au Maroc pour les droits et libertés publiques, les médias et les luttes sociales.
Ce 10 août, les journalistes marocains Omar Radi, Soulaimane Raissouni et Taoufik Bouachrine, graciés le 29 juillet par le roi Mohammed VI, à l’occasion du 25e anniversaire de son intronisation, ont appelé, lors d’une conférence de presse au siège de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH), à Rabat, à « la libération de tous les prisonniers d’opinion » et à « une véritable ouverture dans la politique, le journalisme, les droits humains et la lutte sociale ».
Les trois journalistes, ainsi que plusieurs activistes, dont Maâti Monjib, historien et défenseur des droits humains, font partie des 2 476 personnes graciées par le roi ce jour-là, a déclaré un responsable gouvernemental sous couvert de l’anonymat. Les autorités ont souligné le « caractère humain » de cette grâce, « accueillie avec profonde gratitude par les familles des graciés ».
Les trois journalistes ont été emprisonnés entre quatre et six ans pour des affaires d’agressions sexuelles (et d’espionnage pour Omar Radi), qu’ils ont toujours rejetées, affirmant avoir été punis pour leurs opinions. La grâce n’a pas effacé les condamnations prononcées mais a permis leur libération anticipée. « Nous avons été arrêtés en utilisant des méthodes sales », a dénoncé Omar Radi au siège de l’Association marocaine des droits humains (AMDH).
« Notre joie reste incomplète »
Omar Radi, 38 ans, s’est montré agréablement surpris du soutien que lui a apporté la société civile malgré la nature des accusations, auxquelles « personne n’a cru », a-t-il dit, se demandant « quelle est la valeur d’un système judiciaire dans lequel personne ne croit ».
Soulaimane Raissouni, 52 ans, a appelé à poursuivre « nos luttes, nos écrits et nos actions » pour « construire un État qui garantisse un minimum de droits, où cet abus cruel et injuste ne se reproduise pas ». « Notre joie reste incomplète sans la libération de tous les prisonniers d’opinion, [liés aux] mouvements sociaux et les détenus politiques », a-t-il ajouté.
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Les journalistes ont évoqué les cas de militants du mouvement social « Hirak du Rif », incarcérés depuis 2016, et celui de l’avocat et opposant Mohamed Ziane, 82 ans, en prison depuis 2022. Soulaimane Raissouni a aussi appelé à « mettre un terme à la presse de diffamation », assurant que « tout de suite après notre libération, une campagne de diffamation a commencé ».
Comme ses confrères, Taoufik Bouachrine, 55 ans, a remercié les militants, mais aussi le roi pour « avoir mis fin à notre cauchemar » et « permis de voir grandir nos enfants ». « Notre joie n’est pas totale car un certain nombre de prisonniers politiques n’ont pas été libérés », a-t-il dit, dénonçant lui aussi une « diffamation quotidienne dans une presse qui n’a rien à voir avec le journalisme dans les sociétés civilisées ». Il a souhaité que la grâce obtenue puisse marquer « le début d’une nouvelle phase et d’une véritable ouverture dans la politique, le journalisme, les droits humains et la lutte sociale ».
(avec AFP)
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