Les ONG expulsées restent interdites

Le Soudan n’a jamais accepté le « retour » des ONG expulsées en réponse au mandat d’arrêt contre son président Omar el-Béchir, mais autorisé l’arrivée de « nouvelles » organisations avec des noms apparentés, une nuance qui fait toute la différence pour Khartoum.

Publié le 14 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

La "saga des ONG" a connu un dénouement aussi spectaculaire que confus jeudi lorsque le chef des opérations humanitaires de l’ONU, John Holmes, a suggéré que quatre des 13 organisations occidentales expulsées en mars allaient reprendre leurs activités et que d’autres allaient peut-être emboîter le pas.

Care, Mercy Corps, Save the Children et Padco "viennent de se réenregistrer et vont reprendre leurs opérations" au Darfour, a affirmé M. Holmes. "C’est pourquoi je pense que la possibilité (de revenir) existe pour toutes les organisations qui ont été expulsées", a-t-il ajouté.

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Dès avril, l’émissaire des Etats-Unis pour le Soudan Scott Gration et le sénateur américain John Kerry avaient discuté à Khartoum du "retour" de ces organisations sous une nouvelle forme.

"Organisations apparentées"

Le Soudan avait finalement accepté d’accueillir de "nouvelles ONG", avec "de nouveaux noms" et de "nouveaux logos", selon la formule utilisée par le chef de la commission soudanaise des Affaires humanitaires, Hassabo Mohammed Abdelrahman, et de permettre à celles en place d’accroître leurs activités.

Les déclarations de John Holmes suggérant que les ONG autorisées par Khartoum n’étaient pas "nouvelles", et donc que les anciennes organisations allaient "reprendre" le collier, ont fait bondir des responsables soudanais.

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"Le gouvernement n’a pas l’intention de permettre aux organisations expulsées de reprendre leurs opérations", a prévenu ce week-end Hassabo Mohammed Abdelrahman.

Les quatre organisations "ne doivent pas être classifiées comme des ONG qui ‘retournent’ (au Soudan). Bien qu’elles viennent d’organisations apparentées, il ne s’agit pas des mêmes, elles ont été inscrites au Soudan en tant que nouvelles ONG internationales", a réagi de son côté le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), dans un souci de clarification.

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"Violation des lois"

"Contrairement aux commentaires de M. Holmes, Mercy Corps, qui a été expulsée du nord du Soudan début mars 2009, ne reprend pas ses activités. C’est Mercy Corps-Ecosse, une organisation établie au Royaume-Uni, qui s’est enregistrée au Soudan", ont encore précisé dans un communiqué conjoint Mercy Corps et Mercy Corps-Ecosse.

Care, qui a indiqué ne pas retourner au Darfour, a elle aussi signifié qu’il s’agissait d’une organisation distincte, Care International Foundation, établie en Suisse, qui s’était enregistrée auprès des autorités soudanaises. Save the Children a dit vouloir "transférer des programmes et des actifs" à sa "collègue" Save the Children-Suède.

Le Soudan avait jonglé avec plusieurs options –par exemple expulser des diplomates– en guise de réponse au mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre le président Omar el-Béchir pour crimes de guerre et contre l’humanité au Darfour (ouest), théâtre depuis six ans d’un conflit à l’origine de milliers de morts et de 2,7 millions de déplacés.

L’option finalement choisie avait été d’expulser certaines ONG occidentales accusées de "violer les lois" du pays.

Accepter le "retour" des 13 ONG expulsées aurait été l’aveu d’un échec pour Khartoum quant à la tactique choisie. Le gouvernement aurait, en outre, eu à justifier auprès de la population un retour si rapide d’ONG ayant "violé les lois" du pays.

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