Tebboune « sera réélu avec 90 % des votes » à la présidentielle algérienne selon Abdelkader Bengrina

Le leader du parti islamiste El-Bina, Abdelkader Bengrina, laisse entendre que le président sortant obtiendra un score brejnévien lors du scrutin du 7 septembre. Mais les autorités redoutent un fort taux d’abstention.

Abdelkader Bengrina, président du parti islamiste El-Bina, le 22 septembre 2023, au siège de son mouvement. © AFP

Abdelkader Bengrina, président du parti islamiste El-Bina, le 22 septembre 2023, au siège de son mouvement. © AFP

FARID-ALILAT_2024

Publié le 12 août 2024 Lecture : 3 minutes.

S’il fallait une preuve supplémentaire que l’élection présidentielle algérienne du 7 septembre est gagnée d’avance par le candidat Abdelmadjid Tebboune, c’est Abdelkader Bengrina, le président du petit parti islamiste El-Bina, qui l’a fournie, ce dimanche 10 août.

À l’issue d’un séminaire consacré à la campagne électorale et à la régularité des élections, Abdelkader Bengrina a livré son analyse devant quelques journalistes : « L’enjeu de cette présidentielle est de savoir qui arrivera en deuxième position, observe-t-il. Pour ce qui est de la première position, elle est déjà acquise avec 80 % à 90 % des suffrages exprimés. »

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Selon le président d’El-Bina, qui est l’un des fervents soutiens de la candidature du président sortant pour un second mandat, cette situation expliquerait et justifierait le désintérêt affiché par les Algériens à l’égard de cette élection. Aussi, les incite-t-il à se rendre massivement aux urnes le 7 septembre. Un fort taux de participation donnerait de la légitimité au « nouveau président » ainsi qu’aux institutions.

Pas de deuxième tour prévu ?

Même si Abdelkader Bengrina ne cite pas le nom du favori, il donne suffisamment d’indices pour comprendre que, pour lui, c’est le chef de l’État sortant qui sera réélu pour un second mandat dès le premier tour – c’en est tellement vrai que, formellement, les autorités n’ont pas fixé de date pour un éventuel second tour.

Sans être un intime du chef de l’État, qui le reçoit et le consulte régulièrement, Abdelkader Bengrina est un homme proche des centres de décisions et donne souvent l’impression d’être dans le secret des dieux. Le leader d’El-Bina a ses entrées au palais d’El Mouradia et auprès du gouvernement, où sa formation compte deux ministres : Fayçal Bentaleb, ministre du Travail, et Yacine Merabi, qui occupe le portefeuille de la Formation et de l’Enseignement professionnels.

Difficile de savoir d’où vient ce taux de 80 % à 90 % des suffrages exprimés dont il crédite le président sortant. Toujours est-il qu’Abdelmadjid Tebboune laisse lui-même entendre qu’il sera réélu dès le premier tour. À maintes reprises, le chef de l’État sortant a mis en avant les décisions qu’il prendra au cours de son deuxième mandat.

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Bénéficiant du soutien de l’armée et de plusieurs autres forces politiques, ainsi que des syndicats et des confréries religieuses, Abdelmadjid Tebboune est assuré de rempiler, dès le premier tour de scrutin. À moins de trente-cinq jours de ce jour J, le candidat n’a d’ailleurs pas publié son programme, pas plus que le calendrier de ses meetings et de ses sorties publiques.

Seule inconnue : le taux de participation

Le 6 août, le chef de l’État a nommé comme directeur de sa campagne électorale le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Brahim Merad, 70 ans – lequel a été mis en congé spécial par décret présidentiel, du 14 août jusqu’au 4 septembre, pour les besoins de cette campagne.

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Là encore, le fait que la mission de Brahim Merad en tant que directeur de campagne du candidat Abdelmadjid Tebboune se termine le 4 septembre indique clairement que les autorités algériennes n’ont pas prévu d’organiser un second tour et qu’il devrait donc reprendre son poste de ministre de l’Intérieur après la fin de sa mise en congé spécial.

Face à Abdelmadjid Tebboune, seuls deux autres candidats participent à cette présidentielle : Youcef Aouchiche, premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS), et Abdelaali Hassani Cherif, le leader du parti islamiste Mouvement de la société pour la paix (MSP).

Si l’issue du scrutin semble déjà connue, le seul enjeu reste donc le taux de participation, qui pourrait être assez faible. À moins d’une surprise.

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