Au Sénégal, une « journée sans presse » pour répondre à la pression d’Ousmane Sonko
Mardi 13 août, les patrons des médias sénégalais appellent à une journée sans information. Après des décisions prises par le gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko à l’encontre des organes de presse, ceux-ci affirment craindre pour leur liberté d’expression.
Mardi 13 août, au Sénégal, « les journaux ne vont pas paraître. Il n’y aura pas d’émissions de radio et de télévision. Les sites d’informations appartenant à des entreprises de presse ne vont pas diffuser ». Voilà ce qu’a affirmé lundi 12 août Mamadou Ibra Kane, le président du Conseil des diffuseurs et éditeurs du pays (CDEPS, patronat).
Plus de quatre mois après l’arrivée au pouvoir des nouvelles autorités, les patrons des médias appellent à une journée sans information pour alerter sur les difficultés du secteur, qui vit « une des phases les plus sombres de son histoire ». Le CDEPS, qui regroupe des éditeurs privés et publics, a indiqué que la liberté de la presse « est menacée au Sénégal », dans un éditorial commun publié le 12 août par les journaux locaux.
Celui-ci met en cause les autorités, notamment pour le « blocage des comptes bancaires » des entreprises de presse pour non-paiement d’impôt, la « saisie de (leur) matériel de production, la « rupture unilatérale et illégale des contrats publicitaires », le « gel des paiements » dus aux médias. « L’objectif visé n’est autre que le contrôle de l’information et la domestication des acteurs des médias », estiment les dirigeants.
Coup de sifflet final pour Stades et Sunu Lamb
Le Premier ministre Ousmane Sonko, nommé par le président Bassirou Diomaye Faye qui a pris ses fonctions début avril, avait dénoncé fin juin les « détournements de fonds publics » auxquels se livreraient, selon lui, certains patrons de médias qui ne versent pas leurs cotisations sociales. Il avait également mis en garde les journaux qui écrivent selon lui ce qu’ils veulent au nom d’une soi-disant liberté de la presse, sans aucune source fiable. Des propos que la profession avait jugé menaçants.
Depuis 2021, le Sénégal a reculé de la 49e à la 94e place au classement mondial de la liberté de la presse de RSF. L’ONG avait exhorté début juin le nouveau pouvoir à agir en faveur des professionnels de l’information après trois années d’agressions et d’arrestations de journalistes ou de suspensions de médias sous la présidence de Macky Sall.
Au Sénégal, le secteur est confronté depuis longtemps à des difficultés économiques, les acteurs dénonçant des conditions de travail précaires. L’éditeur de deux quotidiens sportifs parmi les plus lus dans le pays, Stades et Sunu Lamb, a suspendu fin juillet leur parution après plus de vingt ans de présence dans l’espace médiatique sénégalais, à cause de difficultés économiques.
(Avec AFP)
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