Colonisation : la Libye et l’Italie font la paix

Le leader libyen Mouammar Kadhafi a estimé mercredi à Rome que « la page du passé » colonial « était tournée » mais son accueil en grande pompe suscitait la polémique, jusqu’au sein de la majorité de Silvio Berlusconi.

Publié le 10 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

"La page du passé a été tournée et une nouvelle page d’amitié s’est ouverte", a-t-il déclaré à la presse, à l’issue de son entretien avec le président Giorgio Napolitano, en entamant une visite "historique" de trois jours en Italie.

"Nous saluons cette nouvelle génération d’Italiens pour avoir résolu avec un grand courage les questions du passé", a-t-il ajouté.

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Les deux pays ont signé en août 2008 en Libye un traité qui a soldé les comptes de plus de trente ans de colonisation italienne (1911-1942).

5 milliards de dollars de dédommagements

Le chef du gouvernement Silvio Berlusconi avait alors présenté les excuses de l’Italie et s’était engagé à verser 5 milliards de dollars de dédommagements sous forme d’investissements sur les 25 prochaines années.

Au risque de susciter la controverse, le "Guide" arborait à son arrivée à Rome la photographie d’un "héros" de la résistance libyenne à l’époque coloniale, bien en vue sur la veste de son uniforme militaire.

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Elle représente Omar Al-Mokhtar, surnommé le lion du désert, au moment de son arrestation en 1931 en Libye sous le régime fasciste de Mussolini.

"Les relations avec la Libye peuvent compenser partiellement la faiblesse économique de l’Italie et relancer sa vocation historique en Méditerranée où son rôle a été affaibli par l’initiative française de l’Union pour la Méditerranée (UPM)", a déclaré Raffaello Matarazzo de l’Institut des affaires internationales.

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"Tournant historique"

"Cette visite est un tournant historique. Rome veut stabiliser ses rapports avec la Libye sur la vieille question du pétrole et celle, nouvelle, de l’immigration clandestine", souligne-t-il.

Les Libyens ont accepté pour la première fois début mai de reprendre 500 immigrés interceptés par la marine italienne.

Cette opération a été dénoncée par les organisations de défense des droits de l’homme, le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) et l’Eglise catholique, des réfugiés susceptibles d’obtenir le droit d’asile pouvant se trouver parmi les refoulés.

La grogne suscitée par la visite enflait aussi chez les politiques à la veille du discours que doit prononcer le leader libyen devant le Sénat, en tant que président de l’Union africaine (UA).

"Prix Nobel du terrorisme"

"La décision de laisser parler un ‘prix Nobel du terrorisme’ alors qu’un prix Nobel de la paix comme le dalaï lama n’a pas pu s’exprimer, a été prise en dépit de l’opposition de nombreux sénateurs de droite et de gauche", a déclaré le sénateur d’opposition Stefano Pedica.

Les sénateurs du Parti démocrate (centre gauche), la principale force d’opposition, boycotteront le discours.

"Le discours solennel du président libyen Kadhafi devant le Sénat ne semble ni justifié ni opportun", a également estimé Benedetto Della Vedova, un député du parti de Berlusconi.

Kadhafi doit s’entretenir avec Berlusconi en fin d’après-midi.

Vendredi, après un rendez-vous avec le patronat, il rencontrera, à sa demande, plusieurs centaines de femmes représentantes des mondes de la culture, de l’économie et de la politique.

Le tente de Mouammar Kadhafi a été plantée dans le plus vaste parc romain, celui de la Villa Doria Pamphili, mais il dormira dans le somptueux palais éponyme datant du XVIIe siècle.

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