Après son acquittement, en 2019, par la Cour pénale internationale et sa grâce, en 2022, par Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo aurait pu imaginer que chaque jour de l’an allait annoncer « l’année de son année », selon la terminologie zouglou de JC Pluriel. Chaque 31 décembre, le bilan personnel de l’ancien chef de l’État ivoirien laissait plutôt planer la qualification d’annus horribilis, sa réintégration dans le landerneau politique s’avérant plus que fastidieuse. 2024 va-t-elle consacrer sa « nouvelle naissance », si chère aux chrétiens évangéliques dont il a longtemps fait partie ?

Trois ans après le divorce forcément médiatisé du couple légendaire Laurent et Simone, Gbagbo a discrètement officialisé, le 8 août à sa résidence, son union avec Hadia Nadiany Bamba, dite « Nady », devant Jean-Marc Yacé, le maire de la commune de Cocody. Une confidentialité qui n’a pas empêché une fuite d’information et un buzz. Un buzz non orchestré qui a eu le mérite de remettre en lumière le mastodonte quelque peu empêché de la politique ivoirienne.

2025, dernière chance

Cette lumière médiatique, le presqu’octogénaire Laurent Gbagbo – il le sera avant la prochaine présidentielle – a eu bien du mal à la capter depuis qu’il a créé le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), après ses difficultés à contrôler son ancien Front populaire ivoirien (FPI). Comme pour donner une nouvelle impulsion à sa formation politique en même temps qu’à sa vie sentimentale, l’ex-président ivoirien a lancé un appel à l’union des forces de l’opposition contre le pouvoir en place. C’était le 14 juillet à Bonoua, à 60 kilomètres au sud-est d’Abidjan. Le mouvement Générations et peuples solidaires (GPS) de Guillaume Soro a déjà exprimé une réaction favorable…

Chaque homme public pouvant identifier son impact autant dans les polémiques que dans les éloges, Gbagbo n’a sans doute pas boudé son plaisir lorsque le porte-parole du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), Adjoumani Kouassi, s’est ému du récent séjour au Burkina Faso de Justin Koné Katinan, un haut responsable du PPA-CI.

De nouveau au centre du terrain politique et des gazettes people, Laurent Gbagbo sait que ses efforts politiciens seront vains tant qu’il ne sera pas réintégré sur les listes électorales, dans la perspective d’une présidentielle de 2025 qui le fait saliver. La grâce présidentielle a épargné une incarcération au « Christ de Mama », mais une amnistie débloquerait sa carrière…