Gabon: une difficile succession

Absence de dauphin désigné et d’opposants crédibles, volonté de la famille Bongo de conserver le pouvoir, équilibres ethniques à préserver: la succession à la tête du Gabon du président Omar Bongo Ondimba, après un règne de 41 ans, s’annonce complexe.

Publié le 8 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

Le nom le plus cité est celui d’Ali Ben Bongo, fils du président, 50 ans, ministre de la Défense. Des observateurs disent qu’il a été nommé à ce poste stratégique par son père en 1999 pour éviter tout coup d’Etat mais aussi pour le placer en vue de la succession.

Ses atouts sont nombreux.

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Ancien ministre des Affaires étrangères, il est en bons termes avec Paris.

Il s’est aussi imposé comme un poids lourd du Parti démocratique gabonais (PDG), l’ex-parti unique fondé par son père, toujours ultra-majoritaire. Avec son ami André Mba Obame, ministre de l’Intérieur, Ali Bongo dirige le courant des « réformateurs » du PDG.

Considérés comme de jeunes loups aux dents longues, les deux hommes se heurtent notamment aux « caciques » du parti. Parmi eux, Idriss Ngari, un baron du régime de 60 ans, ministre de la Santé après avoir notamment été à la Défense. Certains prêtent au général Ngari des ambitions personnelles qui seraient bien accueillies par une frange du PDG.

D’autant qu’Ali Bongo a plusieurs handicaps à surmonter. Son père ne l’a jamais officiellement désigné comme dauphin, et surtout il est souvent considéré comme « un étranger » par l’homme de la rue.

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Né au Congo-Brazzaville, élevé en France, il parle mal les langues locales et la rumeur le présente parfois comme un « Biafrais » adopté par le président Bongo lors d’un voyage au Nigeria en pleine guerre du Biafra.

Une rumeur qui persiste malgré ses démentis. « Certains prétendent que je serais Nigérian » mais ils « connaissent mal l’Histoire », affirme-t-il. Et de rappeler que la guerre du Biafra a commencé en 1967. A cette date, « j’ai déjà 8 ans. Je n’ai rien à prouver, je sais qui je suis ».

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Au sein du clan Bongo, un autre candidat pourrait entrer en lice, au risque de divisions familiales, en la personne de Paul Toungui.

Chef de la diplomatie après avoir été ministre de l’Economie, il est marié à Pascaline Bongo, la fille aînée et directrice du cabinet du chef de l’Etat. C’est elle qui gère les affaires familiales. M. Toungui ne portant pas le nom de Bongo, il est moins exposé aux critiques contre une succession « monarchique ».

Les opposants Pierre Mamboundou ou Zacharie Myboto, ainsi que Paul Mba Abessole, désormais rallié au pouvoir, se voient aussi un destin national, et leurs partis ont déjà commencé à se mobiliser pour un éventuel scrutin.

Mais leurs compromissions avec le régime ont entaché leur crédibilité en vue d’une présidentielle, théoriquement organisée dans les 45 jours qui suivent le décès du chef de l’Etat.

Encore faut-il que la voie constitutionnelle soit suivie.

Selon une source proche de la présidence, un consensus pourrait se dégager, y compris au sein de l’opposition, pour organiser une transition jusqu’à la fin du mandat entamé par Omar Bongo, en 2012.

Tout ne se joue pas uniquement sur le plan politique, souligne en outre un haut fonctionnaire sous couvert de l’anonymat: le président Bongo avait mis en place un savant équilibre ethnique pour la répartition des pouvoirs.

« Il était le garant du système. Sans lui, chaque ethnie va revenir à une défense de ses intérêts propres », estime-t-il.

« Les Fangs (la majorité relative dans le pays) voudront le pouvoir », prédit ce connaisseur de la politique gabonaise, convaincu que les autres ethnies ne se laisseront pas faire.

Un analyste proche du palais exclut toutefois que la succession puisse dégénérer en violences ethniques.

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