Joseph Kabila aux commandes des dépenses du gouvernement
Le président congolais a demandé au Premier ministre de soumettre à son approbation tout projet de dépense publique. Joseph Kabila espère ainsi « endiguer » les « dérapages substantiels et répétés ».
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Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, a donné pour "instruction" au Premier ministre de ne plus engager de dépenses publiques sans son autorisation préalable afin d’éviter des "dérapages", a-t-on appris vendredi de sources concordantes.
Dans une lettre dont l’AFP a lu une copie, le directeur de cabinet du président informe le Premier ministre Adolphe Muzito que "désormais, tout ordonnancement des dépenses publiques devra, avant tout paiement, requérir l’autorisation préalable" du chef de l’Etat, de même pour "les plans de trésorerie mensuels".
La décision du président est motivée par "le souci majeur d’endiguer, à très court terme, les dérapages substantiels et répétés des finances publiques et de la monnaie nationale, observés au cours des derniers mois, lesquels seraient susceptibles de compromettre les engagements de la République souscrits auprès des partenaires multilatéraux", est-il ajouté.
Mesure "applicable jusqu’à nouvel ordre"
"Cette instruction, qui ne devra souffrir d’aucune restriction, reste applicable jusqu’à nouvel ordre", conclut la missive.
Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a indiqué qu’il s’agissait "d’une mesure d’aménagement interne au sein de l’exécutif, temporelle, en attendant une nouvelle méthodologie pour répondre à la crise. C’est la situation d’urgence qui a prévalu".
Pour le député d’opposition Jean-Lucien Bussa (Mouvement de libération du Congo), MM. Kabila et Muzito "doivent en tirer les conséquences: si le Premier ministre a le sens de l’honneur, il démissionne. Si le président est courageux, il doit faire voter par sa majorité une motion de censure et nommer un autre Premier ministre en qui il a confiance".
"Violation" de la constitution
Le député dénonce également "une violation" de la Constitution: "l’article 91 stipule que seules la défense, la sécurité et les affaires étrangères sont des domaines de collaboration entre le président et son Premier ministre", a-t-il affirmé.
M. Muzito, 51 ans, a été nommé Premier ministre en octobre 2008. Il était alors ministre du Budget.
La RDC, ravagée par des années de guerre (1996-1997 et 1998-2003), est l’un des pays d’Afrique les plus touchés par la crise financière internationale. Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé mi-mars le versement en urgence de 195,5 millions de dollars à la RDC pour y faire face.
11 milliards de dollars de dettes
Le pays, endetté à hauteur d’environ 11 milliards de dollars, est entré en récession au second semestre 2008, après six années consécutives de croissance. Celle-ci est toutefois estimée à 2,7% pour 2009, après 8,2% en 2008.
La baisse des prix d’exportation des principales ressources (cuivre et cobalt) a eu des conséquences néfastes sur l’activité économique et l’emploi, en particulier dans le secteur minier, l’un des principaux vecteurs de croissance de la RDC.
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