Paul Biya : « Il n’y aurait pas eu de victoire alliée sans les tirailleurs » africains

Les présidents français, Emmanuel Macron, et camerounais, Paul Biya, ont rendu un vibrant hommage ce jeudi 15 août, à Boulouris-sur-Mer, à l’armée « bigarrée » du Débarquement de Provence, il y a 80 ans.

Le président français, Emmanuel Macron, et son homologue camerounais, Paul Biya, au 80e anniversaire du débarquement de Provence, le 15 août 2024, à Boulouris-sur-Mer, dans le sud de la France. © Christophe SIMON / POOL / AFP

Le président français, Emmanuel Macron, et son homologue camerounais, Paul Biya, au 80e anniversaire du débarquement de Provence, le 15 août 2024, à Boulouris-sur-Mer, dans le sud de la France. © Christophe SIMON / POOL / AFP

Publié le 15 août 2024 Lecture : 3 minutes.

Deux mois après les commémorations du Débarquement de Normandie, Emmanuel Macron et les chefs d’État du Cameroun, du Gabon, des Comores, de Centrafrique, du Togo et du Maroc se sont réunis dans le sud de la France pour le 80e anniversaire de l’opération Dragoon, épisode méconnu mais essentiel de la Libération, lors d’une cérémonie amputée des événements en mer de l’après-midi en raison de la météo capricieuse.

Si les difficultés diplomatiques de la France en Afrique ont réduit la liste des présents, un hommage appuyé a été rendu aux soldats des ex-colonies françaises ayant combattu aux côtés des Français de métropole. Le Burkina Faso devait être représenté par un chargé d’affaires, mais le Niger, le Mali ou l’Algérie n’ont envoyé personne.

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« Ce legs qui nous oblige »

« Officiers de l’Empire ou enfants du Sahara, natifs de la Casamance ou de Madagascar, […] ils n’étaient pas de la même génération, ils n’étaient pas de la même confession, […] ils étaient pourtant l’armée de la nation, armée la plus fervente et la plus bigarrée », a rappelé le président français à la nécropole internationale de Boulouris-sur-Mer.

« Ces hommes s’appelaient François, Boudjema, Harry, Pierre, Niakara », a-t-il poursuivi, rappelant qu’« un grand nombre d’entre eux, spahis, goumiers, tirailleurs africains, antillais, marsouins du Pacifique, n’avaient jamais foulé le sol de la métropole » avant d’être envoyés participer à la libération de la France.

« La part d’Afrique en France est aussi ce legs qui nous oblige », a plaidé Emmanuel Macron, insistant sur le fait que les noms de ces soldats « doivent continuer d’être donnés à nos rues, nos places, pour inscrire leurs traces impérissables dans notre histoire ». « Lorsqu’il s’agit de défendre l’intérêt vital de la nation, tous ceux qui se reconnaissent comme Français ont vocation à être ensemble », a-t-il insisté.

« Il n’y aurait pas eu de victoire alliée sans la contribution des autres peuples, sans les étrangers et autres tirailleurs » africains, a insisté le président camerounais, Paul Biya, ajoutant que « cette lutte a été menée ensemble, pour défendre les valeurs et les idéaux universels de paix et de justice ».

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Après les discours, M. Macron a remis la Légion d’honneur à six anciens combattants, cinq Français et un étranger.

« Rattraper le temps perdu »

Le 15 août 1944, quelque 100 000 soldats, essentiellement américains, canadiens et britanniques, avaient débarqué sur les plages du Var, ouvrant la voie à plus de 250 000 Français de l’armée B, composée essentiellement de troupes venues des colonies françaises en Afrique, qui allaient reprendre Toulon, puis Marseille en moins de deux semaines.

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Ce succès avait contribué à la libération de l’Europe grâce au matériel acheminé via ces deux ports méditerranéens. Mais il avait aussi permis à la France, humiliée en 1940, de s’assoir à la table des vainqueurs grâce à l’engagement massif de ses forces en Provence alors qu’il n’était que symbolique en Normandie.

Placée sous les ordres du général de Lattre de Tassigny, l’armée B, future 1ère armée, comptait 84 000 Français d’Afrique du Nord, 12 000 soldats des Forces françaises libres, fidèles au général de Gaulle, et 12 000 Corses. Mais aussi 130 000 soldats dits « musulmans », d’Algérie et du Maroc, et 12 000 soldats de l’armée coloniale, comme des tirailleurs sénégalais, ou des marsouins du Pacifique et des Antilles.

« Si la France a pu écrire sous son drapeau “Liberté, égalité, fraternité”, c’est en partie grâce aux tirailleurs sénégalais », avait insisté, le 14 août, N’Dongo Dieng, un tirailleur ayant participé aux guerres d’Indochine et du Cameroun.

« La France nous avait oubliés, mais ils sont en train de rattraper le temps perdu », ajoutait de son côté Oumar Diémé, invité, comme son compatriote, parmi une délégation de cinq anciens tirailleurs à la nécropole de Boulouris, où reposent 464 soldats tués sous l’uniforme français en août 1944.

Après cette première séquence à Boulouris, les chefs d’État et de gouvernement auraient dû participer à un déjeuner à bord du porte-hélicoptères Dixmude, dans la rade de Toulon, d’où ils auraient ensuite pu observer une reconstitution du débarquement sur les plages toulonnaises du Mourillon. Mais cette seconde partie, à laquelle devaient participer des navires amphibies, des véhicules d’époque, des avions de collection, et même des parachutistes, a été annulée en raison du risque de vents violents et d’orages.

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