Obama défend le port du voile en Occident
Le président américain a plaidé pour le droit des femmes musulmanes à porter le voile en Occident, jeudi, lors de son discours au Caire. La position de Barack Obama tranche notamment avec celle de la France, où il doit se rendre ce week-end.
Le président américain Barack Obama a défendu jeudi au Caire le port du voile pour les musulmanes en Occident, prenant le contre-pied de la France.
C’est par trois fois que M. Obama a pris la défense du voile islamique dans son discours prononcé à l’Université du Caire, critiquant qu’un pays occidental "dicte les vêtements" qu’une musulmane "doit porter".
Au nom de la laïcité, la France a banni en 2004 dans les écoles les signes religieux ostentatoires avec une loi interprétée comme ciblant surtout le voile islamique. La polémique fait également rage au Canada et en Allemagne alors qu’en Belgique, 90% des écoles le bannissent et il est jugé "discriminatoire" par un décret du Conseil d’Etat.
"Il est important pour les pays occidentaux d’éviter de gêner les citoyens musulmans de pratiquer leur religion comme ils le souhaitent, et par exemple en dictant les vêtements qu’une femme doit porter", a-t-il lancé.
"Je rejette les vues de certains en Occident"
Sans jamais citer la France ou d’autres pays, il a enchaîné en affirmant qu’"on ne doit pas dissimuler l’hostilité envers une religion devant le faux semblant du libéralisme".
"Je sais qu’il y a un débat sur ce sujet", a encore dit M. Obama avant de trancher sur ce sujet toujours controversé en Occident devant un public trié sur le volet, parmi lequel de nombreuses femmes voilées.
"Je rejette", a-t-il ainsi affirmé, "les vues de certains en Occident" pour qui le fait "qu’une femme choisisse de couvrir ses cheveux a quelque chose d’inégalitaire".
Il a encore souligné que "le gouvernement américain s’est porté en justice pour protéger le droit des "femmes et des filles à porter le voile" et "punir ceux qui voudrait leur dénier".
Dalia Mogahed, la femme voilée de la Maison Blanche
Pour la première fois, une américaine musulmane portant le voile, Dalia Mogahed, d’origine égyptienne, a fait son entrée à la Maison Blanche comme conseillère de Barack Obama.
Mais la question du port du voile, notamment à l’école, met aussi à l’épreuve des gouvernements et opinions publiques dans des pays musulmans.
Le cheikh Mohammed Sayyed Tantaoui, l’imam d’al-Azhar, la plus haute autorité de l’islam sunnite, avait d’ailleurs donné sa bénédiction à la loi française en 2003.
Si, selon lui, le voile est une "obligation divine" pour une femme musulmane vivant dans un pays musulman, elle doit se plier à son interdiction si un pays non-musulman le décrète, comme c’est son droit.
"Je répète, c’est leur droit et je ne peux pas m’y opposer", avait insisté le responsable égyptien devant l’actuel président français Nicolas Sarkozy, à l’époque ministre de l’intérieur.
Rencontre entre Obama et Sarkozy
M. Obama sera l’hôte de M. Sarkozy ce week-end pour le 65e anniversaire du Débarquement allié en Normandie.
Si le port du voile est obligatoire dans certains pays musulmans, comme l’Iran ou l’Arabie saoudite, plusieurs pays arabes sont eux aussi confrontés à ce débat que la poussée du fondamentalisme a rendu aigu.
La Cour constitutionnelle turque a ainsi invalidé il y un an un amendement levant l’interdiction de porter le foulard dans les universités qu’avait fait adopter le gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan.
En Egypte, alors que 80 % des femmes sont désormais voilées, après trente ans de réislamisation, un interdit de fait reste sur le port du voile par une présentatrice des journaux des chaînes publiques de télévision. Et face à l’université du Caire, la grande statue symbolisant au début du XXe siècle la "Renaissance égyptienne" est représentée par une femme qui se dévoile.
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