Ravalomanana juge « sans valeur » sa condamnation
Le président évincé de Madagascar a déclaré jeudi qu’il ne reconnaissait pas la condamnation à quatre ans de prison prononcé contre lui. Marc Ravalomanana était jugé par contumace pour « conflits d’intérêts » dans l’achat fin 2008 d’un avion présidentiel.
Le président évincé de Madagascar Marc Ravalomanana a jugé jeudi "sans valeur" la condamnation à quatre ans de prison prononcée à son encontre la veille par un tribunal malgache.
"Ils (le régime de transition) font ce qu’ils veulent, c’est un jugement sans valeur", a déclaré Marc Ravalomanana, intervenant par téléphone lors du rassemblement quotidien de ses partisans à Antananarivo.
Le président écarté a été condamné mercredi par contumace à quatre ans de prison et à 70 millions de dollars de dommages et intérêts à l’Etat malgache pour "conflits d’intérêts" dans l’achat fin 2008 d’un avion présidentiel qui avait cristallisé l’opposition à son régime et contribué à sa chute.
"Incompétence" du régime Rajoelina
Marc Ravalomanana ne s’est pas appesanti sur le sujet pendant son allocution, qu’il a plutôt concentrée sur "l’incompétence" du régime de transition d’Andry Rajoelina, renouvelant sa promesse de revenir au plus vite à Madagascar.
"Le pouvoir mis en oeuvre par les putschistes bafoue la légalité et la souveraineté de la justice à Madagascar. Les accusations infondées contre moi sont la preuve de la perte de crédibilité de la justice", a-t-il complété dans un communiqué diffusé jeudi de Pretoria en Afrique du Sud.
"Quand la légalité reviendra à Madagascar, alors la justice retrouvera sa valeur", a-t-il ajouté.
"Nous minimisons ce procès soviétique, nul et non avenu", a pour sa part expliqué à l’AFP Raharinaivo Andrianatoandro, porte-parole du parti TIM de M. Ravalomanana.
"Epiphénomène"
"C’est un épiphénomène", a-t-il ajouté, considérant la "précipitation" de la justice comme une volonté de "torpiller les négociations en cours" pour une sortie de crise consensuelle.
M. Andrianatoandro a cependant dénoncé les conditions du procès "fait à la va-vite".
"Marc Ravalomanana est toujours le président légal, il ne peut pas être jugé par un tribunal correctionnel, et de plus, il n’avait même pas d’avocat", a-t-il relevé.
La ministre de la Justice du régime actuel, Christine Razanamahasoa, avait affirmé à l’AFP mercredi que si M. Ravalomanana revenait à Madagascar, "le mandat d’arrêt (délivré à la suite de sa condamnation) serait exécuté".
Le processus de paix menacé
Lâché par l’armée, M. Ravalomanana avait remis le 17 mars ses pouvoirs à un directoire militaire qui les avait immédiatement transférés à Andry Rajoelina, alors chef de l’opposition et actuellement à la tête de la Haute autorité de transition.
Depuis, les partisans du président évincé réclament son retour au pouvoir.
De laborieuses discussions actuellement en cours et censées dessiner l’architecture de la transition, sous l’égide de la communauté internationale, pourraient ne pas survivre à l’interdiction de facto de retour au pays pour l’ancien président et homme d’affaires accompli.
La situation n’en demeure pas moins précaire pour le pouvoir en place: l’UA a suspendu Madagascar de ses instances, estimant que le pays avait été victime d’un changement anticonstitutionnel de gouvernement. Les Occidentaux ont condamné ce qu’ils considèrent comme un "coup d’Etat".
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