Tunisie : K2Rhym orienté vers la case prison
Le rappeur tunisien ne s’est pas seulement vu refuser une candidature à la présidentielle d’octobre. Le tribunal de Jendouba vient de le condamner à quatre ans de prison, par contumace, pour achat présumé de parrainages.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 16 août 2024 Lecture : 2 minutes.
Il y a ceux qui passent de la prison à la présidence, comme Nelson Mandela, ceux qui passent de la présidence à la prison, comme Omar el-Béchir, et ceux qui frôlent la porte du cachot sur le chemin d’un palais qu’ils ne frôleront pas. En Tunisie, s’il est peu vraisemblable que le rappeur K2Rhym passe par la case prison, c’est qu’il vit à l’étranger. Mais il a bien été condamné, par contumace, à une incarcération…
C’est le tribunal de Jendouba, ville du Nord-Ouest de la Tunisie, qui, ce 14 août, a condamné l’artiste et homme d’affaires à quatre ans de prison et une amende de 5 000 dinars (environ 1 500 euros). De son vrai nom Karim Gharbi, K2Rhym a été privé de droit de vote et sera inéligible à vie. Ce dernier point est plus que symbolique, si l’on considère que l’objet du délit concerne une ambition présidentielle.
Tatoué bling-bling et caritatif
Alors que l’ex-gendre médiatique de feu le président Zine El Abidine Ben Ali avait annoncé, à la fin de juillet, son intention de briguer la magistrature suprême au scrutin du 6 octobre, il lui était reproché l’achat de parrainages requis pour la candidature à la présidentielle. Cela faisait des années que le tatoué bling-bling polissait son image de businessman préoccupé de la situation sociale des Tunisiens. Au fil des mois, il a médiatisé toute une série d’actions de bienfaisance en faveur d’orphelins, d’écoles ou autres familles démunies.
K2Rhym avait déjà dénoncé des entraves à sa carrière politique. Début août, en pleine constitution de son dossier de candidature, il affirmait que les autorités lui avaient refusé, sans motif explicite, son extrait de casier judiciaire. Il évoquait une « peur » des caciques du régime qui pourraient alors s’être employés à noircir ledit casier.
Le 2 août, le même tribunal de Jendouba avait condamné à des années de prison quatre femmes travaillant pour K2Rhym, pour avoir « fourni de l’argent ou des cadeaux en nature » en échange de signatures d’électeurs. En même temps qu’il a sanctionné le rappeur, il a annoncé des peines d’un an de prison et de 1000 dinars d’amende pour le président de la commune de Jendouba et de quatre ans de prison et 5 000 dinars d’amende pour une autre collaboratrice de l’artiste.
Candidatures semées d’embûches
Si les « candidables » se bousculaient au portillon du palais présidentiel de Carthage, seuls trois candidats ont été retenus par l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie) campagne électorale : le président sortant, Kaïs Saïed, ainsi que l’ancien député panarabiste Zouhair Maghzaoui et le chef d’un petit parti libéral, Ayachi Zammel.
K2Rhym s’interroge même sur l’intérêt d’organiser une telle élection, suggérant qu’on assume le caractère autoritaire du régime en investissant plutôt le budget électoral dans « des hôpitaux, des écoles ou des projets pour les jeunes ».
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