Reprise des négociations pour une trêve à Gaza, réprobation générale après une attaque de colons

Les négociations continuent ce vendredi 16 août, à Doha, en vue de parvenir à une trêve dans la bande de Gaza, au moment où une attaque sanglante perpétrée par des colons juifs en Cisjordanie a soulevé la réprobation générale, y compris celle des dirigeants israéliens.

Le village palestinien de Jit, près de Naplouse, en Cisjordanie occupée, le 16 août 2024, après l’attaque par un groupe de colons juifs. © Jaafar ASHTIYEH/AFP

Le village palestinien de Jit, près de Naplouse, en Cisjordanie occupée, le 16 août 2024, après l’attaque par un groupe de colons juifs. © Jaafar ASHTIYEH/AFP

Publié le 16 août 2024 Lecture : 4 minutes.

L’attaque par un groupe de colons juifs du village palestinien de Jit, qui a fait un mort et un blessé grave ce jeudi 15 août, a été condamnée par les États-Unis et par de nombreux dirigeants israéliens, le président Isaac Herzog allant jusqu’à dénoncer un « pogrom ».

« Je condamne fermement le pogrom de ce soir en Samarie », écrit le président dans un message sur X, en utilisant le nom de la province biblique correspondant au nord de la Cisjordanie. La Maison Blanche a, pour sa part, fustigé des attaques « inacceptables ».

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Selon l’armée israélienne, des dizaines de civils israéliens ont fait irruption vers 20h00 dans le village de Jit, situé entre Naplouse et Qalqilya, ont incendié des bâtiments et des véhicules et ont lancé des pierres et des cocktails molotov. Des soldats et des garde-frontières « ont évacué les civils israéliens de la ville » et remis l’un d’eux à la police. Selon le ministère palestinien de la Santé, un homme a péri « sous les balles de colons » et un autre a été blessé d’une balle dans la poitrine.

Condamnations israéliennes

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou « prend au sérieux les émeutes qui ont eu lieu ce soir dans le village de Jit », a indiqué un communiqué de son bureau, assurant que « les responsables de tout acte criminel seront arrêtés et poursuivis en justice ».

« Les émeutiers de ce soir à Jit n’ont rien à voir avec la colonisation et les colons », a affirmé sur X le ministre des Finances d’extrême droite Bezalel Smotrich, grand architecte de l’extension de la colonisation juive en Cisjordanie observée depuis fin 2022, et tout spécialement depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza. « Ce sont des criminels qui doivent être traités par les autorités chargées du maintien de l’ordre public et avec toute la sévérité de la loi », a-t-il ajouté. Le ministre de la Défense Yoav Gallant a lui aussi « fermement condamné » l’attaque.

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, les violences ont flambé en Cisjordanie. Au moins 633 Palestiniens y ont été tués par l’armée israélienne ou des colons, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles palestiniennes, et au moins 18 Israéliens parmi lesquels des soldats dans des attaques palestiniennes ou lors d’opérations de l’armée en zone autonome palestinienne, selon les données officielles israéliennes.

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La colonisation israélienne en Cisjordanie est régulièrement dénoncée comme une violation du droit international par l’ONU, qui y voit un des obstacles majeurs à l’établissement d’une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens.

À Doha, les négociations se poursuivent

À Doha, le ministère qatari des Affaires étrangères a confirmé que les négociations en vue d’une trêve dans la bande de Gaza allaient se poursuivre ce vendredi. Les médiateurs qataris, égyptiens et américains « restent fermement engagés à poursuivre leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza qui faciliterait la libération des otages et permettrait l’entrée dans Gaza de la plus grande quantité possible d’aide humanitaire », a déclaré le ministère dans un communiqué.

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Le directeur de la CIA William Burns et les chefs des services israéliens de renseignement extérieur, le Mossad, et intérieur,  le Shin Beth, sont présents à ces pourparlers. Le Hamas n’y participe pas, mais jeudi 15 août au soir, l’un de ses responsables, Oussama Hamdane, a déclaré que le mouvement avait informé les médiateurs à Doha de sa position.

Si les discussions visent « à fixer un calendrier pour mettre en oeuvre ce qui a été présenté et accepté par le Hamas, alors nous y participerons », a-t-il expliqué. « Si les médiateurs parviennent à forcer [Israël] à accepter cela, nous participerons [aux discussions]. Mais, jusqu’à présent, il n’y a rien de nouveau ».

« Tout accord doit aboutir à un cessez-le-feu global, à un retrait israélien complet de Gaza, et au retour des personnes déplacées », a réaffirmé au soir du 15 août, à Doha, un haut responsable du Hamas, Hossam Badran.

Les pourparlers se basent sur un plan annoncé le 31 mai par le président américain Joe Biden, qui prévoit, dans une première phase, une trêve de six semaines accompagnée d’un retrait israélien des zones densément peuplées de la bande de Gaza, et de la libération d’otages israéliens en échange de celle de prisonniers palestiniens.

Les États-Unis estiment qu’un cessez-le-feu à Gaza permettrait d’éviter une attaque de l’Iran, qui a juré de venger l’assassinat, imputé à Israël, du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh le 31 juillet à Téhéran. Le risque d’une escalade militaire dans toute la région a redoublé après l’assassinat d’Haniyeh et celui, le 30 juillet, de Fouad Chokr, chef militaire du mouvement libanais Hezbollah, tué dans une frappe revendiquée par Israël près de Beyrouth.

(Avec AFP)

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