Premier discours de Zuma sur l’état de la nation

Le premier discours sur l’état de la nation, mercredi, du président sud-africain s’annonce comme un exercice difficile pour Jacob Zuma, pressé de répondre aux attentes qu’il a suscitées chez les pauvres tout en prenant en compte le pire contexte économique en 17 ans.

Ce week-end, le nouveau chef de l’Etat, qui a fait de la lutte contre la pauvreté l’une de ses priorités, a déjà revu ses ambitions à la baisse, affirmant que la récession allait ralentir le rythme des réformes.

"On va avancer, mais probablement pas à la même vitesse que prévu compte tenu de ce défi", a-t-il prévenu samedi lors d’une réunion du syndicat national des mineurs à Midrand (nord).

M. Zuma s’exprimera mercredi, une semaine tout juste après l’annonce de l’entrée en récession de l’Afrique du Sud, pour la première fois en 17 ans. Le produit intérieur brut (PIB) de la première puissance économique du continent noir a enregistré une chute de 6,4% en taux annuel au premier trimestre 2009.

40% de chômage

Avant l’annonce de l’entrée en récession, les économistes tablaient déjà sur une perte de plus de 250. 000 emplois en 2009, surtout dans les secteurs minier et automobile.

M. Zuma prononcera son discours moins d’une semaine après une réunion de trois jours du nouveau gouvernement destinée à tenter d’apporter des réponses aux promesses électorales.

Pendant la campagne des élections générales du 22 avril, son parti, le Congrès national africain (ANC), soutenu activement par les syndicats, avait insisté sur la création d’emplois et la remise à flot de services publics déficients.

Ces dossiers sont essentiels dans un des pays les plus inégalitaires au monde, où 43% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour et environ 40% des actifs n’ont pas d’emploi.

"Les citoyens ont d’énormes attentes", mais vu le contexte économique, "je pense que Zuma fera un discours pour expliquer ce qu’on peut raisonnablement attendre et ce qu’on ne doit pas attendre", estime Susan Booysens, une analyste basée à l’Université de Witwatersrand à Johannesburg. "Ce sera sans doute un savant mélange d’espoir et de prudence".

Prudent et optimiste

Samedi, le président s’est d’ailleurs voulu prudent mais aussi optimiste, estimant que la crise économique pouvait être une opportunité à saisir.

La récession offre l’occasion "de réfléchir à la nécessité de prendre les décisions justes pour remettre notre pays en selle", a-t-il déclaré.

Le gouvernement entend dépenser 700 milliards de rands (62 milliards d’euros) dans des projets d’infrastuctures dans la prochaine décennie, a-t-il expliqué. "En dépit de la crise économique, on reste engagé à créer du travail décent", a-t-il insisté.

M. Zuma doit s’exprimer mercredi lors de l’ouverture du Parlement issu des quatrièmes élections démocratiques organisées dans le pays depuis la fin du régime d’apartheid en 1994. Ces scrutins ont été remportés haut la main par l’ANC, au pouvoir depuis 15 ans.

Les anciens présidents sud-africains ont été invités pour la cérémonie. Le premier chef d’Etat noir du pays et prix Nobel de la paix Nelson Mandela, 90 ans, a exprimé son désir d’être présent, selon le président du parlement, Max Sisulu. Mais sa participation n’a pas été confirmée.

M. Mandela, à la santé fragile, avait cependant assisté à la prestation de serment de M. Zuma le 9 mai à Pretoria. A cette occasion, le nouveau chef de l’Etat s’était engagé à respecter l’héritage de son illustre prédécesseur.